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L’exploitation des femmes dans l’industrie du “raw hair” : parlons-en !

Aujourd’hui, on parle d’exploitation des femmes dans l’industrie du raw hair. Sans risque de se tromper, nous pouvons affirmer que de nombreuses femmes africaines sont fans d’extensions qu’elles aiment  porter en perruques, en locks et même en braids ou vanilles. Dans la famille de ces extensions, il existe une catégorisation bien précise et en haut de l’échelle se trouvent les “vrais cheveux naturels” aussi appelés “raw hair”. Comme l’indique leur nom, il s’agit de cheveux parmi les plus prisés au monde : les cheveux 100% naturels et non traités. Ces derniers sont directement collectés auprès de femmes en Inde, en Chine et dans d’autres pays.

L’industrie est florissante, car partout dans le monde, la demande est forte. Nous nous sommes demandé ce que cela impliquait pour les femmes qui donnent leurs cheveux et pour celles qui travaillent dans ces usines. Découvrez ce qu’on a découvert à ce sujet dans les lignes suivantes.

L’industrie du raw hair : origines et source d’approvisionnement !

 

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L’industrie du raw hair ou cheveux bruts est un segment important du marché mondial de la beauté et des cosmétiques. Elle se concentre principalement sur la collecte, le traitement et la vente de cheveux humains non transformés pour la fabrication de perruques, extensions de cheveux et autres produits capillaires. Voici une vue d’ensemble des différents aspects de cette industrie. 

Les cheveux raw hair proviennent principalement de régions où les cheveux humains sont abondants et peuvent être obtenus facilement. Les principales sources d’approvisionnement incluent : l’Inde, la Chine et le Vietnam ainsi que le Cambodge. Mais, ils peuvent aussi provenir de Russie, d’Ukraine et du Pérou.

  • Inde : les cheveux sont souvent obtenus dans les temples hindous comme le temple de Tirupati où des millions de personnes se rasent la tête en signe de dévotion à leur divinité. Ces cheveux sont ensuite vendus par les temples à des entreprises de traitement.
  • Chine : la Chine est le plus grand exportateur de cheveux. Les cheveux sont collectés principalement dans les zones rurales où les femmes les vendent pour un revenu supplémentaire. La Chine est également un grand centre de traitement des cheveux.
  • Vietnam et Cambodge : ces pays fournissent également une quantité significative de cheveux humains lisses, souvent par le biais de collecte locale ou de ventes individuelles.

L’exploitation des femmes dans l’industrie du raw hair : des préoccupations d’ordre éthique

Vous l’aurez compris : les femmes sont les principales actrices de ce marché. Qu’elles viennent d’Inde, de Chine ou du Vietnam, ce sont elles qui donnent leurs cheveux mais c’est encore elles qui travaillent à la confection des extensions. À chacune des étapes, il y a donc des questions éthiques qui se posent. En effet, les femmes concernées sont pour la plupart très pauvres. Elles vendent leurs cheveux pour des sommes très modestes, bien en dessous de la valeur que ces cheveux atteignent après traitement et vente. Cette situation est particulièrement problématique dans les régions où les femmes vivent dans des conditions économiques difficiles et peuvent ressentir une pression économique intense pour vendre leurs cheveux, généralement par nécessité plutôt que par choix.

La crise économique au Venezuela, par exemple, a entraîné un afflux de femmes dans le besoin qui vendent des paquets de cheveux pour aider à subvenir aux besoins de leur famille. L’hyperinflation rapide a rendu les salaires presque inutiles, obligeant de nombreux Vénézuéliens à chercher un revenu complémentaire dans le commerce des cheveux.  Et il ne s’agit pas que de ça ! 

1- Des dons de cheveux détournés par les temples

Dans les temples en Inde par exemple, les cheveux sont donnés dans le cadre de rites religieux sans compensation pour les donneurs. Il arrive que ces lieux de cultes revendent les cheveux obtenus sans que les revenus tirés des ventes ne profitent aux individus qui ont donné leurs cheveux. Cela soulève des questions sur les droits des donneurs et le consentement. Découvrez en plus sur le sujet en visualisant ce reportage du média France Info.

2- Des conditions de travail déplorable

Les conditions de travail dans les usines de traitement des cheveux peuvent être précaires. Les travailleurs, souvent des femmes, ne bénéficient pas de salaires justes ou de conditions de travail décentes. Dans ce type d’industrie, les normes de travail peuvent être inexistantes ou mal appliquées, ce qui conduit à l’exploitation des travailleurs dans la chaîne d’approvisionnement des cheveux. Les produits finaux sont vendus chers dans les salons de coiffure, pouvant atteindre des milliers de dollars l’unité. Mais les intéressées n’en perçoivent pas grand-chose.

3. Transparence et Traçabilité

Il y a un manque de transparence dans la chaîne d’approvisionnement des cheveux bruts. Cette opacité permet la perpétuation de pratiques non éthiques.

4. Environnement et santé

Le traitement des cheveux humains bruts implique continuellement l’utilisation de produits chimiques potentiellement nocifs. Les travailleurs peuvent être exposés à des substances dangereuses sans protection adéquate, et les déchets industriels peuvent ne pas être gérés de manière responsable, entraînant des impacts environnementaux négatifs.

5. Une porte ouverte à la criminalité 

Comme d’autres sources de revenus très demandées, les cheveux humains peuvent faire l’objet de vols et de coupes forcées. C’est surréaliste, mais vrai  ! En 2013 au Venezuela, de nombreuses femmes aux cheveux longs ont été attaquées par des voleurs. Elles subissaient la coupe de leurs cheveux sous la menace d’une arme à feu ou d’un couteau. Les voleurs revendaient ensuite les cheveux volés à des fabricants pour gagner rapidement de l’argent. Le vol de cheveux est devenu un délit chronique pendant le déclin économique du Venezuela. Selon cet article de France Info, un gang appelé The Piranhas sévissait régulièrement dans les centres commerciaux et les rues peuplées des villes, coupant de force et vendant les queues de cheval. 

En Afrique du Sud également, les gangs de Johannesburg sont devenus très célèbres pour ce genre d’attaque. En vendant des dreadlocks de la longueur des épaules, les voleurs de cheveux pouvaient gagner entre 23 et 58 dollars. Les dreadlocks plus longues pouvaient couter jusqu’à 230 dollars.

 

La surconsommation, premier ennemi de la remise en question

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La surconsommation des produits capillaires, notamment des extensions de cheveux et des perruques, a eu un impact significatif sur l’exploitation des femmes dans l’industrie du raw hair. Dans les faits, les consommateurs ignorent tout de la provenance des cheveux qu’ils portent. Cette surconsommation a favorisé cette exploitation.

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En effet, l’augmentation de la demande mondiale pour les extensions de cheveux et les perruques, particulièrement en Europe, en Amérique du Nord, et en Asie, a mis une pression énorme sur la chaîne d’approvisionnement. Selon le cabinet d’études Fortune Business Insights™, la taille du marché mondial des extensions capillaires était évaluée à 2,58 milliards USD en 2023, vaudrait en 2024, 2,72 milliards USD, atteindrait 4,77 milliards USD d’ici 2032. L’Amérique du Nord a dominé le marché des extensions capillaires avec une part de marché de 35,66 % en 2023. Cette pression se traduit souvent par des pratiques d’achat agressives et la nécessité d’obtenir des cheveux à bas prix pour maximiser les profits.

 

Exploitation des femmes : quelles solutions pour une industrie du raw hair plus éthique ?

Bien que l’éthique en matière de cheveux humains puisse être difficile à comprendre pour un consommateur, il est important de se renseigner. Les cheveux humains sont un produit de luxe, et les perruques et extensions d’origine éthique seront inévitablement chères.

Les cheveux synthétiques, peu coûteux et d’aspect naturel, sont une option. Toutefois, les fibres plastiques non recyclables posent d’autres problèmes environnementaux. 

Face à cela, certaines entreprises africaines ont trouvé des moyens innovants d’améliorer la durabilité de leurs cheveux synthétiques. Au Bénin, Monsieur COSSI DJIKOU avec sa coopérative Africa Terroir utilise des fibres de bananiers pour créer des mèches synthétiques. En France, Karen de Leidi Hair a mis en place la même alternative. Et ils sont loin d’être les seuls africains à avoir développé ces alternatives. Ces extensions végétales sont biodégradables et constituent un sous-produit naturel de la culture de la banane. Autrement dit, leur commercialisation peut également accroître les revenus des agriculteurs.

Enfin, une façon éthique de collecter les cheveux naturels consisterait à simplement s’approvisionner en “ cheveux morts ” auprès de donateurs volontaires. Il s’agit là de ces 45 à 60 cheveux qui tombent par jour de la tête d’un être humain. Cela épargnerait les donatrices d’une charge psychologique et mentale. En effet, la plupart du temps, vendre ses cheveux directement prélevés de sa tête peut être émotionnellement dur à gérer.

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Si la majorité des consommateurs en Afrique et ailleurs optait pour cette alternative, le marché du raw hair connaîtrait probablement un déclin. Ce qui nous amène à notre prochaine question : est ce que cela est une réelle alternative ? En effet, si certaines femmes en font une source de revenus, d’autres sont exploitées pour leurs longues chevelures. 

Par ailleurs, il ne faut pas occulter les besoins de ce type de cheveux pour des patients atteints de cancer ou d’alopécie sévère par exemple.

On constate rapidement que ce n’est que lorsque les organisations s’approvisionnent en cheveux de manière éthique, que le secteur est moins challengeant. On peu dès lors y voir un moyen sain pour les personnes en situation de pauvreté de gagner de l’argent. La solution reste alors de s’éduquer. Mais, pour beaucoup de consommateurs un challenge, et ce, pour deux raisons principales : 

  • L’absence d’un désir de s’informer
  • Le manque de ressources pour se documenter sur le sujet

Exploitation des femmes et raw hair : récapitulons

L’exploitation des femmes dans l’industrie du raw hair est évidente. Les exploitants en sont les plus grands bénéficiaires et le marché quant à lui surconsomme. Voilà les principales réalités de l’industrie du raw hair. Nous pensons que pour atténuer cette exploitation, il est crucial d’encourager la transparence et la responsabilité sociale des entreprises. Il faudra également sensibiliser les consommateurs aux pratiques éthiques dans ce secteur. À votre avis, ces solutions sont-elles réalistes ? Peut-on obtenir des résultats sur un marché non réglementé ?

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