La situation au Sénégal est désormais connue de tous sur les réseaux sociaux. Condamnation de l’opposant principal, affrontements civils-policiers, restrictions sur l’accès à internet (levée depuis le mercredi 7 juin). Voilà ce qui rythme le quotidien des sénégalais depuis la condamnation de deux ans de prison ferme pour Ousmane Sonko, l’adversaire principal de l’actuel Président de la République, Macky Sall. En dehors des morts, des blessées et des pertes matérielles que cette crise est en train d’engendrer, il y a d’autres impacts certes moins flagrants mais avec une incidence réelle. La survie des entreprises du pays est en effet menacée tant que le soulèvement social ne connaît pas de fin. Quels sont les impacts économiques de cette crise sur le domaine de la beauté et des cosmétiques au Sénégal? On vous en parle dans cet article.
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ToggleQu’est ce qui s’est passé
Ousmane Sonko, principal opposant du régime en exercice a été condamné le jeudi 1er Juin 2023 à deux ans de prison. La justice sénégalaise lui reproche des faits de «corruption de la jeunesse». En réponse à cette condamnation, la population s’est embrasée et est sortie manifester son mécontentement dans la rue. Pour tous les partisans de Sonko, il s’agit d’une injustice, un stratagème pour évincer l’opposant des prochaines présidentielles prévues pour 2024. Ainsi, pendant que Sonko est maintenu chez lui par les forces armées, la situation reste instable et le bilan s’alourdit. 16 morts au moins ont été dénombrés et de nombreuses arrestations musclées ont déjà été effectuées. Au moment où nous écrivons cet article, les manifestations sont arrêtées mais l’incertitude sur des lendemains meilleurs ainsi que le lourd silence du Président Macky Sall face à ces tensions, planent sur la tête des Sénégalais.
Les impacts économiques: quand le secteur de la beauté et des cosmétiques se prend les répercussions de plein fouet
Dans le secteur de la beauté et des cosmétiques, c’est la panique. Entre le mercredi 31 Mai et le lundi 5 Juin, tout a tourné au ralenti et pour cause, l’insécurité grandissante ne permettait pas d’ouvrir les boutiques, les salons de coiffure et autres enseignes. En effet, la vie ne peut pas continuer si le pays est à feu et à sang.
Cette crise politique qui a déjà des impacts sur l’économie en général en a aussi sur les entreprises de la beauté et des cosmétiques. Voici ce qu’on a remarqué depuis le début de cette insurrection:
Fermeture des espaces
Avant de se plaindre de ne recevoir aucun client, il faut au moins avoir pu ouvrir son enseigne. À cause des affrontements violents et de l’instabilité, toutes les activités commerciales ont pris un coup. Les commerces, y compris les salons de coiffure et instituts de beauté, ont été contraints de fermer temporairement en raison de la situation sécuritaire. La crainte de se faire vandaliser et agresser y a joué un grand rôle. Quant aux promotrices qui décident quand même d’ouvrir, elles sont unanimes sur le fait qu’aucun client ne se hasarde à venir. Qui prendrait le risque de sortir de chez lui quand tout dehors n’est qu’insécurité? Les espaces beauté et bien-être à Dakar enregistrent donc depuis 7 jours une perte conséquente de revenus.
Une baisse de la demande
Une crise telle que celle que connaît actuellement le Sénégal a un impact direct sur les consommateurs. Ils réduisent les dépenses discrétionnaires dont les produits de beauté et le recours aux services de salon (coiffure, massage, pédicure, manucure, maquillage)
La baisse de la demande a ainsi affecté les ventes pour les marques de cosmétiques et les salons de coiffure tels que Akoya Hair, Afro et Nature ou encore Manina Institut. Aramichou, propriétaire de ARAMICHOU MAKE UP STUDIO et présidente de l’association des professionnels du make up au Sénégal, a attiré notre attention sur le fait que cette crise s’est déroulée à la fin du mois. Un moment où il faut payer les factures et les employés. Le pire moment pour assister à ce genre de crise.
L’absence de transport
Quand bien même certaines enseignes du secteur voudraient ouvrir leur portes, il est presque impossible de s’y rendre à cause de l’absence de moyens de transport. Ainsi, de nombreux espaces ont tenté d’ouvrir leurs portes mais se sont rendus à l’évidence: les employés qui habitent loin de leur travail ne peuvent pas venir en l’absence de taxis et de bus. Certaines propriétaires ferment d’office jusqu’à nouvel ordre, d’autres font le point chaque soir pour décider si elles ouvrent le lendemain ou pas.
Perturbation de la chaîne d’approvisionnement
Qui dit troubles politiques dit aussi difficultés d’approvisionnement en matières premières, en produits cosmétiques importés et en équipements de salon. Si les choses continuent comme ça, les frontières peuvent être bloquées ou les transports perturbés, ce qui entraînera des retards dans la livraison des produits et des difficultés d’approvisionnement pour les entreprises cosmétiques. En amont, il est donc tout aussi compliqué de poursuivre ses activités.
Image de marque affectée
Au point où nous en sommes, la crise politique a entraîné des violences et même des violations des droits de l’homme. Les marques de cosmétiques associées au pays sont aussi impactées. Les consommateurs internationaux collaborant avec ces marques peuvent au vu de l’instabilité politique, mettre fin aux collaborations. Ici, il est question de réputation et ce sont les ventes des entreprises cosmétiques sénégalaises sur les marchés internationaux qui s’en trouvent altérées.
Si sur le long terme, les choses ne s’améliorent pas, le Sénégal va devoir se préparer à un ralentissement de son économie et ce à tous les niveaux. L’emploi, le commerce et les échanges internationaux sont les premiers domaines qui seront perturbés. Des mesures doivent être prises pour atténuer les tensions et rétablir la stabilité afin d’assister à un retour à la normale. Il y a d’ailleurs une manifestation pacifique prévue le 9 et le 10 Juin prochain à la place de la Nation. Notre souhait est qu’elle n’ait aucune répercussion négative et qu’elle se déroule sans accroc.