Etre une femme en Afrique est comme dans de nombreuses cultures à travers le monde, soumis à des normes. Elles varient en fonction de divers facteurs tels que l’ethnie, la religion, la classe sociale et même le contexte géographique. Cependant, au-delà de cette diversité, certaines valeurs et pratiques sont souvent partagées. En effet, les attentes vis-à -vis des femmes sont partout dans le monde soumises à un examen minutieux. Vous l’aurez compris, nous parlerons de la pression qui repose sur les femmes et de ce que la société africaine leur inflige.
Un héritage de traditions
Le 4 mars 2024 en Gambie, une loi controversée a été introduite au Parlement. Elle portait sur l’annulation d’une autre loi prise en 2015 pour interdire les mutilations génitales féminines en cours dans le pays. Au cœur du débat, des hommes politiques et des chefs religieux qui brandissaient l’argument selon lequel la pratique de l’excision est d’ordre culturel. Ainsi, au nom de la culture, la proposition de loi suggérait la dépénalisation de l’excision dans ce pays.
À aucun moment du débat, les femmes, principales concernées et victimes, n’ont été associées à la discussion. Le seul recours qu’était le leur était de s’exprimer sur les réseaux sociaux et au travers des associations féministes. Ces dernières ont d’ailleurs fait un travail formidable pour contrer cette loi rétrograde. Néanmoins, cela n’a pas empêché les députés de voter en majorité pour un retour aux mutilations génitales féminines. C’est un exemple parmi tant d’autres qui prouve que les femmes, en l’occurrence, les femmes africaines, sont soumises à des pratiques et des habitudes qu’elles n’ont pas choisies. Elles doivent s’y conformer.
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Rappelons que l’excision constitue une norme sociale. En effet, au sein des communautés qui les pratiquent, les mutilations sexuelles féminines sont considérées comme une étape essentielle dans l’éducation des jeunes filles et une mesure de protection favorisant le mariage. L’honneur familial et les normes sociales jouent un rôle crucial dans la perpétuation de la pratique, même lorsque les familles sont conscientes de leurs dangers. La crainte du jugement des autres pousse à perpétuer l’excision. Et on impose cela aux jeunes filles pour les faire rentrer dans une case, conditionner leur comportement afin qu’elles correspondent à l’idée que se font certaines cultures d’elles.
Découvrez ici le récapitulatif de tout ce qu’il faut savoir sur le projet de loi proposant la levée de l’interdiction des mutilations génitales féminines en Gambie.
Etre une femme en Afrique: les bonnes manières
De façon générale, Etre une femme en Afrique, c’est être soumise, discrète et « connaître sa place ». La femme est la richesse de son mari. Elle se charge d’éduquer la société et est celle à qui l’on demande des comptes quand cette société va mal. Il s’agit d’un rôle que la société conçoit d’une manière très figée. À cause de cette conception et de ce rôle de figurante qui a été donné de façon tacite aux femmes, elles sont évidemment victimes de toutes sortes de discriminations.
A contrario, sur les hommes, la pression sociale n’est pas systématiquement liée aux bonnes manières ou à la façon de se tenir. La société semble plus indulgente avec eux quant à leur vie de couple, à leur attitude en public, au nombre de femmes qu’ils ont eu dans leur vie. Le concept de prostitution est employé très facilement quand on parle de la femme. La maîtresse d’un homme marié est une prostituée. Celle qui sort avec un homme plus âgé aussi ainsi que celle qui a plusieurs hommes dans sa vie. Parfois, la tenue vestimentaire trop provocante d’une femme suffit à faire d’elle une prostituée aux yeux du monde. Tout cela est lié encore une fois aux aux attentes d’une société. Cette dernière exige de la femme, beaucoup de pudeur. Quant aux hommes, ils sont à l’abri de tels jugements. Même lorsqu’ils ont des vies amoureuses et sexuelles tumultueuses.
La soumission à l’autorité masculine, la discrétion, la pudeur et le sens du devoir sont des prérogatives pour les femmes. Ces valeurs se traduisent dans des codes de conduite spécifiques qui définissent les “bonnes manières” d’une femme.
On peut citer, entre autres :
- Le respect envers les hommes : parler d’une voix douce, éviter les regards directs.
- La discrétion et la pudeur : s’habiller de manière modeste, éviter les gestes et les paroles provocateurs, se comporter avec retenue dans les lieux publics.
- Le sens du devoir et la serviabilité : assumer les tâches ménagères et s’occuper de la famille en priorité, être disponible et dévoué aux autres, ne pas contredire.
Des influences remises en question
L’évolution de la société africaine et l’influence du monde extérieur remettent en cause certaines normes. L’accès à l’éducation, l’émancipation économique des femmes et l’ouverture aux cultures étrangères conduisent à une redéfinition des codes de conduite féminins.
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De plus en plus de femmes africaines revendiquent le droit de s’exprimer librement. Elles veulent faire des choix personnels et participer pleinement à la vie sociale et économique. Elles contestent l’idée d’une femme soumise et passive et aspirent à une égalité de traitement avec les hommes.
Mais, qui fixe les règles ?
La question de savoir qui fixe les règles au sujet de toutes ces attentes en Afrique est complexe. Néanmoins, nous savons que les traditions et les valeurs ancestrales et la société continuent d’avoir un poids important dans l’éducation des filles et la perception du comportement féminin. Les familles, les communautés, les institutions et les femmes elles-mêmes jouent un rôle crucial dans cette vie.
Il faut alors reconnaître, d’une part, que les normes traditionnelles continuent d’avoir une influence significative sur les comportements des femmes, en particulier dans les zones rurales et conservatrices. D’autre part, les femmes elles-mêmes, ainsi que les mouvements féministes et les défenseurs des droits des femmes, jouent un rôle de plus en plus actif dans la redéfinition des normes sociales et des attentes en matière de comportement féminin.
En conclusion, les attentes de la société envers les femmes en Afrique sont le produit de multiples influences, notamment les normes patriarcales prédominantes dans toutes les sphères. Alors que les sociétés africaines continuent d’évoluer, il est probable que les normes et les attentes en matière de comportement des femmes changent elles aussi. Etre une femme en Afrique n’a plus à être un fardeau car de plus en plus de personnes veulent se défaire de ce qu’on leur impose.