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Aba Naturelle : “Je suis restée moi-même pour pouvoir construire une telle communauté…”

Voix douce, ton posé, sourire aux lèvres. A 31 ans, Fatou Diedhiou est la passionnée de beauté derrière la page Facebook Astuces beauté africaine (@abanaturelle) avec plus de 200 500 abonnés et derrière la chaîne Youtube du même nom qui comptabilise près de 27 500 abonnés. Sur Instagram, réseau social incontournable des acteurs de la mode et beauté, Fatou y draine 105 000 abonnés. Sur Tiktok, elle a près de 126 700 fans. Ces chiffres font d’elle, la blogueuse beauté la plus suivie au Sénégal. Créative et douée, elle est adepte de produits naturels et excelle dans la coiffure de cheveux crépus. Généreuse dans le partage, elle nous livre tout sur son parcours, son domaine d’activité et ses projets.

 

 

Aba Naturelle
Aba Naturelle

 

 

De père sénégalais et d’une mère ivoirienne, Fatou Diedhiou est née et a grandi en Côte d’Ivoire. Suite à la crise politique que traverse le pays entre 2002 et 2003, sa famille déménage à Dakar. Depuis, ils vivent dans la capitale du Sénégal. La jeune fille de 14 ans d’alors y poursuit son cycle secondaire et supérieur. Après un baccalauréat littéraire, Fatou s’engage dans des études de Droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Une branche quasi imposée par un père qui voyait en elle une avocate ou magistrat.

 

Entre une filière en Droit où elle ne se reconnaissait point et un début d’année scolaire rythmé par d’incessantes grèves à l’université, Fatou décide de stopper l’année en cours et choisit de faire du journalisme dans une école de formation à Dakar où elle sort diplômée en journalisme et communication en 2013. “Je ne suis pas quelqu’un qui apprend des cours “par cœur”. Je suis plutôt douée dans la rédaction de texte et dans l’argumentation sur un sujet donné. J’ai donc opté pour le journalisme et la communication, métier que j’ai toujours voulu faire malgré la réticence de mes parents”, affirme-t-elle.

 

Depuis, elle allie blogging et émissions télévisées au Sénégal. En 2013 Fatou co-présente l’émission sur la technologie,  “My Tech” sur la RTS1. Un an plus tard, on la retrouve dans une émission format court d’astuces beauté sur la chaîne Africa7 avant la fermeture de cette dernière. En 2015, elle sera repérée par le directeur de la chaîne DTV où elle aura la chance de concevoir de A à Z sa propre émission : Hello les crépus . Un programme de 26 minutes qu’elle présentera elle-même. L’idée ? Prendre une fille aux cheveux crépus, l’envoyer dans un salon de coiffure et lui faire un relooking capillaire avec tous les soins nécessaires. Des astuces beauté et conseils sont ainsi partagés en direct avec les téléspectateurs. Et ça marche!

 

Cependant, très peu de ses followers éparpillés dans les quatre coins du monde connaissent la Fatou Diedhiou dans les médias sénégalais. En réalité, sa reconnaissance s’illustre mieux sur les réseaux sociaux où elle est connue et reconnue depuis 2012, date de création de sa page Fan.

 

Votre page Facebook “Astuces beauté Africaine” est la plus suivie au Sénégal dans le domaine de la beauté. Comment est-elle née ?

Ma mère avait les cheveux crépus. Elle les avait délaissés par négligence, car oui à l’époque, quand tu ne te défrisais pas les cheveux, on disait que tu les négligeais. Et j’ai remarqué que ses cheveux prenaient du volume et poussaient. Alors, je me suis dit que j’allais faire comme elle, rester 5 à 6 mois sans défriser mes cheveux, ensuite les défriser  pour les avoir longs. C’était cela l’objectif premier que je m’étais fixée. J’ai donc enchaîné les coiffures protectrices. Mes cheveux poussaient vraiment. Finalement, j’ai décidé de ne plus faire comme ma mère et j’ai fouiné sur Internet sur l’entretien de cheveux non défrisés. J’étais à la recherche d’astuces et c’est là que j’ai découvert des blogs qui parlaient de retour au naturel, des cheveux crépus et de leur entretien. A l’époque, il n’y en avait pas suffisamment en français, c’était plutôt des blogs américains ou britanniques. Je me suis dit que ce serait bien de partager ces informations-là, mais en français. C’est ainsi que j’ai créé la page Astuces beauté africaine  – @abanaturelle. C’était un soir de 2012.

 

Racontez-nous vos débuts sur votre page Facebook et votre chaîne YouTube.

Ma page a commencé par être suivie par des amis proches et des parents puis par quelques inconnus. Puis petit à petit, je recevais des questions en inbox. Pour en faire profiter à tous les autres abonnés, je répondais en privé à la personne qui a posé la question puis prenais une capture d’écran de ces réponses et la publiais sur la page pour que tout le monde puisse profiter de mes conseils et astuces. De plus, je réalisais des tutoriels en vidéos pour partager des idées de coiffures et soins sur cheveux naturels. Par timidité, seul le profil de mon visage était visible. Je ne voulais pas qu’on me reconnaisse. Cela a duré ainsi une année et la page Fan a eu énormément d’abonnés en peu de temps. L’aventure sur Facebook débuta ainsi.

 

Avec le succès de la page Facebook, j’ai été contactée par un jeune homme qui travaillait à Google. Il m’a incitée à créer une chaîne Youtube pour partager mes astuces d’entretien de mes cheveux crépus avec un plus grand nombre d’internautes. J’ai accepté et enchaîné les vidéos de tutoriels de coiffure que j’ai voulues très courtes et concises. 1 à 2 minutes maximum. Je passais 15 min pour les tourner et deux à trois heures pour réaliser un montage impeccable, avec juste les parties essentielles à montrer à mes abonné(es).

La vidéo ci-dessous donne un aperçu sur la viralité et la qualité des tutoriels de Fatou Diedhiou. Un format court, créatif, et engageant avec  425 000 vues et 4030 partages sur sa page Facebook et plus de 30 000 vues sur sa chaine YouTube.

 

 

 

 

Votre père voulait une avocate mais votre passion a pris le dessus sur son souhait. Quel est son regard aujourd’hui sur votre activité ?

Mon père a toujours été fier de moi. L’essentiel pour lui était que je décroche mes diplômes pour que demain si cela ne marche pas, je puisse faire autre chose. C’est lui qui m’a offert mon premier appareil photo avec lequel j’ai débuté sur YouTube. Il télécharge et visualise toutes mes vidéos. Il m’encourage fortement et c’est un homme heureux quand il voit mes réalisations et sorties médiatiques.

 

Quel est votre regard sur le domaine de la beauté et cosmétique au Sénégal ?

Ce secteur commence à être bien vu aujourd’hui. Les réseaux sociaux y sont pour beaucoup. Avec l’explosion des salons de coiffure dans le pays, les nombreux commerces de produits de beauté et les demandes de partenariat de certaines marques, je constate un fort engouement du domaine de la beauté au Sénégal. Les gens commencent à nous donner nous autres qui évoluons dans ce domaine, une certaine crédibilité.

 

Par rapport à vos collègues blogueuses beauté en Occident, quel est votre rapport avec les marques de beauté et entreprises au Sénégal en termes de partenariat ?

D’abord, il faut savoir que 70% des demandes de partenariat que j’ai reçues venaient de l’Occident (France et USA). C’est pour vous dire que certaines grandes entreprises ici n’ont pas encore intégré soit dans leur stratégie de marketing, soit dans leur budget, la pertinence d’un partenariat avec les blogueuses beauté.

 

Si des marques internationales nous sollicitent pour être des égéries de leurs produits et qu’au Sénégal, on minimise notre impact sur la cible de ces grandes entreprises, cela veut dire que nous devons faire un énorme travail pour montrer aux marques sur place que nous pouvons et devons travailler ensemble.

 

Ensuite, elles sont très peu nombreuses les véritables collaborations entre marques et blogueurs comme cela existe ailleurs. Elles se font doucement et lentement. Ici, les marques te contacteront souvent pour que tu testes leurs produits et en parler dans tes différents réseaux sociaux et cela s’arrête là. Les marques donnent plus de crédibilité aux chaînes de télévision. Je pense que c’est à nous blogueurs de faire évoluer cette collaboration passive. Si des marques internationales nous sollicitent pour être des égéries de leurs produits et qu’au Sénégal, on minimise notre impact sur la cible de ces grandes entreprises, cela veut dire que nous devons faire un énorme travail pour montrer aux marques sur place que nous pouvons et devons travailler ensemble.

 

D’ailleurs, il paraît que vous avez des difficultés à accepter les partenariats. Vous confirmez?

 

Moi j’avais cette difficulté d’accepter un partenariat à cause de ma nature timide mais aussi à cause de la peur d’une certaine exposition médiatique.

 

Oui, avant. Je recevais énormément d’offres de partenariat mais je n’étais pas très réactive dans mes réponses. Je les lisais, sautais de joie puis je ne répondais pas jusqu’à dépasser la date limite de réponse. C’est ainsi que j’ai raté des collaborations avec Nappy Queen Paris, Ola Bella et bien d’autres marques de produits de beauté. Des partenariats que d’autres blogueuses, à ma place, auraient accepté sans hésiter. Moi j’avais cette difficulté d’accepter un partenariat à cause de ma nature timide mais aussi à cause de la peur d’une certaine exposition médiatique. Ce sont les raisons pour lesquelles j’ai mis une année avant de dévoiler mon visage sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui ça va mieux. J’ai une collaboration avec Orange par exemple. Un partenariat du même type que Les Gourmandises de Karelle, mais au lieu de recevoir des recettes de cuisine en exclusivité, ce sera des astuces beauté capillaires et Makeup que les abonnées recevront.

 

Crédit photo : Setalmaa

 

En termes de business, est-ce que vous vivez de votre passion ?

Oui. Avec mes émissions télé, mes prestations à domicile – coiffure, soins des cheveux et conseils –  j’exerce une activité qui me passionne et me fait vivre. Depuis décembre, je n’ai pas eu de jours de repos et dans une journée, je réalise 3 prestations voire 4 à domicile. Mon agenda est chargé pour les 4 prochains mois. Je précise que ce n’est que récemment que j’ai commencé à parler de mon activité de prestations de soins et coiffure en ligne. Avant, cela marchait sur recommandation, de bouche à oreille. Aujourd’hui, je croule sous les demandes de rendez-vous et tout cela, c’est aussi grâce à ma communauté.

 

Quel est votre secret pour construire une telle communauté sur les réseaux sociaux ?

Je suis restée moi-même. Lors de mes séances de soins et coiffures à domicile, il m’est arrivé de demander à mes clientes, pourquoi elles me suivent sur les réseaux sociaux ? Elles m’ont toutes parlé de mon sourire, de ma timidité, gentillesse et douceur… Et lorsque que je combine toutes ces réponses, j’en conclus que je suis restée moi-même. Cependant, beaucoup me reprochent d’être injoignable sur mes différentes plateformes sociales sauf que je reçois des dizaines de messages par jour en inbox sur ces réseaux. Il faut les trier, répondre aux plus urgents et pertinents, assurer mes prestations chez mes clientes, passer du temps avec les miens, et tout cela combiné, ce n’est plus facile à gérer. J’essaie calmement de l’expliquer à ma communauté qui peut interpréter ce manque de réactivité comme de l’arrogance de ma part. Malgré tout, beaucoup me comprennent. Heureusement.

 

Quels sont vos challenges et projets ?

 

Je veux sortir de ma zone de confort, voir autre chose, faire plus.

 

Tout d’abord, je veux accepter plus de partenariats. Pas tous mais ceux qui correspondront à ma passion et mes convictions. Je veux sortir de ma zone de confort, voir autre chose, faire plus. J’aime ce que je fais mais il faut que j’arrive à me libérer de cette timidité qui n’est pas un complexe mais quelque part une certaine peur. “C’est normal d’avoir peur quand on va vers l’inconnu mais il ne faut pas la laisser prendre le dessus car elle peut t’empêcher de réaliser de belles choses”, m’avait dit Fatou Ndiaye de BlackBeautyBag, lors de son voyage à Dakar en 2015. J’ai envie de suivre son conseil.

Ensuite, je veux organiser des rencontres avec ma chère communauté et des événements autour de la beauté à Dakar et dans la sous-région ouest-africaine.

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