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Les standards de beauté en Afrique : quand la société nous pousse aux extrêmes

Les standards de beauté en Afrique et sur les autres continent ont toujours pesé de tout leur poids. Cela dure depuis des temps immémoriaux. Il fallait, selon l’époque, remplir un certain nombre de critères de beauté pour être considéré comme beau ou belle. Encore aujourd’hui, ces critères permettent aux uns d’accéder à certains privilèges et créent des complexes chez les autres. La société a toujours fonctionné ainsi et cela n’est pas prêt de changer. Mais voilà, dans une recherche « effrénée » de beauté, beaucoup de personnes s’exposent à des pratiques qui, sur le long terme, finissent par leur causer du tort. Nous avons d’abord donné la parole à des jeunes africains afin de comprendre leur vision de la beauté pour ensuite mettre la lumière sur ces pratiques extrêmes auxquelles tant de personnes finissent par recourir.

La beauté, cette chose bien relative

A votre avis, c’est quoi une belle femme ? Un bel homme ? La réponse à cette question est normalement totalement relative et dépend de chaque lecteur. Parce que oui, chacun de nous a ses préférences et on ne pourrait avoir les mêmes goûts, ni la même sensibilité. On en a été encore plus convaincu en discutant avec les employés d’une agence de communication à Cotonou.

Les réponses que nous avons obtenues étaient toutes différentes les unes des autres. « Moi je préfère les filles minces. Elles ne sont pas forcément plus belles que les autres mais j’ai toujours eu un faible pour ce genre de filles » nous explique Jaurès. Quant à Herval, il se définit comme un sapiosexuel (avant tout intéressé par le savoir et l’intelligence, au-delà de tout autre critère), affirmant que le physique n’est pas si important pour lui et qu’il aime les femmes intelligentes et cultivées. Loïc, le plus taquin de la bande n’a pas hésité à chanter son amour pour la beauté ronde qui, à ses yeux, représente la femme africaine. Du côté des femmes, nous avons parlé avec Andréa, Jolyane et Audrey. Les jeunes femmes sont physiquement très différentes et il en est de même en ce qui concerne leurs préférences en matière de garçon.

Jolyane nous a expliqué que ce qui l’avait fait craquer pour son fiancé, c’était sa forme athlétique et ses cheveux. Il en a toujours eu beaucoup. Andréa est, quant à elle, plus attirée par les hommes grands de taille et baraqués. La réponse d’Audrey était probablement la plus amusante du lot : « Moi je ne sais pas si j’ai un genre particulier. J’ai par contre fini par remarquer que tous les garçons que j’aimais bien avaient un point commun : leurs lunettes. Eh oui, j’aime les myopes et l’air intelligent que leur donnent leurs lunettes » On a bien rigolé suite à ce commentaire, mais une chose était désormais sûre : les goûts et les couleurs, ça ne se discutent définitivement pas ! 

Mais alors, quels sont les standards de beauté actuels de nos sociétés africaines ? Qu’est ce qui explique leur existence ? Et d’où viennent-t-ils ? Pourquoi faudrait-il à tout prix y correspondre ? Et quelles sont les pratiques extrêmes auxquelles ont recours les gens pour rentrer dans les cases ?

Standards de beauté en Afrique: parlons-en!

C’est un groupe de mots fréquemment employés mais dont la portée n’est pas forcément connue de tous. Les standards de beauté en Afrique et partout ailleurs sont un ensemble d’attributs physiques érigés en normes de beauté par la société. Autrement dit, pour être considéré(e) comme une belle personne, il faut correspondre à ces normes-là. Selon les époques et les cultures, la société a donc exigé des humains filiformes, costauds ou grassouillets, aux lèvres pulpeuses, aux sourcils très fins, aux corps refaits, ou bien totalement naturels et sans artifices.

Vous l’aurez compris, tous ces critères étaient et sont des effets de mode. Ils évoluent au fil du temps et varient d’un peuple à un autre. L’évolution de la beauté féminine au fil du temps en est la preuve. Il n’y a jamais rien eu de plus lunaire que les standards de beauté féminine.

A l’époque de Kim Kardashian, Cléopâtre n’aurait peut-être pas fait l’unanimité. Aucune de ces deux femmes ne se serait sentie à sa place dans ces tribus africaines où les scarifications, l’obésité ou les lèvres étirées sont des critères de beauté. Et que dire du fessier qui devait être naturellement gros et imposant? Elles auraient également fait tâche dans les années 20 où la « beauté garçonne » avait le vent en poupe, dans les sociétés occidentales. Il fallait donc être un garçon manqué, avoir des petits seins et porter des vêtements courts. Les années 90, quant à elles, ont été le témoin d’une autre ère, celle des mannequins extrêmement minces. 

A chacune de ces époques, les dérives étaient déjà présentes : anorexie, dysmorphie, usage de produits douteux pour atteindre son idéal de beauté. Bref, tout pour se mettre en danger.

Aujourd’hui, la majorité de ces dérives, nous les devons aux réseaux sociaux, aux médias, à l’industrie du cinéma, à celle de la mode, à Photoshop et à la société.

On s’est demandé pourquoi tant d’hommes et de femmes désirent ardemment correspondre à des critères de beauté imposés par les autres. Cette question nous l’avons posée à Fabiola du Cameroun.

La jeune femme âgée de tout juste 23 ans nous a expliqué qu’elle a souvent été confrontée aux railleries à cause de sa minceur, de son teint noir et de ses lèvres pulpeuses. « C’est depuis que je suis au collège que je fais face aux moqueries. En grandissant tu te dis que c’est des choses d’enfants mais il peut arriver que dans le milieu professionnel, les commentaires persistent. Personnellement, je ne vais pas dire que ça m’a donné envie de changer. C’est quand même mon corps et donc tant qu’il me plait, je ne vois pas le problème. Et il m’a toujours plu. J’ai conscience d’être une belle femme et cela compte plus que le reste ».

Andréa qui suivait la discussion a renchéri : « C’est vrai ! La pression en 2022 est constante. Entre internet et toutes les histoires de produits grossissants et éclaircissants, on peut rapidement céder. A moins d’apprendre à s’aimer ».

Les filles étaient unanimes. Les gens se laissent happer par la société parce qu’ils sont trop occupés à vouloir plaire aux autres plutôt qu’à eux-mêmes. « Ça les aveugle au point d’oublier que ces standards de beauté en Afrique ne sont que des tendances, un effet mode » a ajouté Jolyane.

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Credits: Pexels

Des standards de beauté qui poussent aux extrêmes

Vous l’aurez compris, beaucoup trop de personnes veulent plaire Elles n’hésitent pas à user de moyens discutables pour y arriver. Ce n’est pas assez clair pour vous ? On vous explique tout dans les lignes qui suivent.

Le teint clair à tout prix

La dépigmentation est presque une norme, tellement elle est fréquente dans beaucoup de pays africains. Elle ne concerne pas que les femmes. C’est aussi une pratique d’hommes. Malgré sa récurrence dans nos sociétés, la considérons comme extrême et violente. Sur les réseaux sociaux, énormément de vidéos circulent montrant des méthodes de décapage toutes plus choquantes les unes que les autres.

Produits éclaircissants, sauna, injections, mélange agressifs de produits toxiques, certains vont jusqu’à imposer ce traitement infernal à leurs bébés. Tout ceci parce qu’encore aujourd’hui, les peaux claires sont un standard de beauté dans beaucoup de pays d’ Afrique. Les hommes poussent leurs compagnes à la dépigmentation et certain d’entre eux jugent nécessaire de s’y adonner.

Les conséquences de la pratique ne se font pas voir dans l’immédiat. Mais sur le long terme, il faut s’attendre à des maladies. Il s’agit entre autres de l’hypertension, du diabète, des cancers de la peau, des insuffisances rénales, de la perturbation du cycle menstruel, et même des problèmes osseux puisque les corticoïdes empêchent la consolidation des articulations.

Maigrir ou grossir grâce à des produits trop efficaces pour être sans dangers

Il faut croire que pour beaucoup, le sport n’est pas la seule manière de perdre ou de gagner de la masse corporelle. Dès le début des années 2020, les africaines se sont persuadées qu’une femme belle est une femme en chaire. Les antihistaminiques ou compléments alimentaires étaient alors achetés sans ordonnance afin de stimuler l’appétit.

Aujourd’hui, des produits dédiés sont librement commercialisés sur Internet. De plus en plus de vendeuses vantent l’efficacité de produits grossissants ou amaigrissants permettant de rapidement obtenir la silhouette de ses rêves. Elles ne sont ni médecins, ni pharmaciennes et encore moins diététiciennes ou coachs sportifs. Ce sont tout simplement des vendeuses prétendant fabriquer et commercialiser des produits sans danger. Il peut parfois s’agir de thés, de farines « enrichies », de sirops et même de pommades.

Ce type de produits même autorisés ne sont pas sans risque pour la santé. A plus forte raison, ceux dont les conditions de fabrication échappent à tout contrôle. Ça n’empêche pourtant pas les gens de s’en procurer ignorant les répercussions sur leurs reins. Sans oublier le diabète, l’hypertension et les infections.

Nez droit, lèvres pulpeuses et fossettes 

Seule une catégorie de femmes ont recours à la chirurgie plastique. Celles qui sont les plus fortunées se rendent en Europe, à Dubaï ou en Turquie pour ça. Le but est d’obtenir des rondeurs, une taille plus fine, des lèvres pulpeuses, des fossettes ou un nez plus droit. Les risques de ce genre d’intervention varient en fonction de beaucoup de facteurs mais les complications sont fréquentes. Si vous en doutiez sachez maintenant que les opérations chirurgicales ne sont pas sans conséquences. Lancez-vous-y mais à vos risques et périls.

Les formes et les rondeurs

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Credits: Iwaria

Les fesses et les seins sont de vrais standards de beauté en Afrique. Et si la génétique ne nous en donne pas assez, les gélules, les sirops, les crèmes et les suppositoires le “feront”. Les vendeuses de ce type de produits pullulent sur TikTok et Instagram. Elles assurent à leur clientèle des résultats fulgurants en illustrant leurs posts d’images de femmes avant et après l’utilisation de leurs produits. Évidemment, ces images n’ont souvent rien à voir avec le produit commercialisé et sont parfois même retouchées. Mais tous les jours, elles convainquent des femmes. Celles-ci sautent le pas et achètent de quoi obtenir le corps dont elles rêvent. Au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Cameroun et au Congo, ils ont pris beaucoup trop de place. 

Et que dire de toutes ces autres choses que femmes et hommes se sentent obligés de faire parce qu’ils veulent se sentir appréciés ? En effet, beaucoup de personnes adoptent un certain style vestimentaire, se coiffent et agissent seulement pour se faire accepter. Qu’en est-il de l’authenticité? Pourquoi ne pas simplement faire un travail sur soi, afin de s’accepter tel qu’on est et tel qu’on a envie d’être? C’est selon nous la clé qui nous permettra de nous affranchir des standards de beauté en Afrique.

Parce que nous pensons comme Audrey, Andréa et Jolyane que le concept de la beauté n’est pas figé. C’est quelque chose qui a toujours évolué et il est temps que tout le monde le sache. La seule manière de rester beau éternellement, c’est de s’aimer. S’aimer, c’est être bienveillant avec son corps, le chérir, l’entretenir et l’apprécier. Cela passe par refuser tout ce qui le met en danger et à ne plus se conformer à ce que les autres ont décidé. Et vous, êtes-vous prêts à embrasser sans pression votre véritable beauté ? Sans vous soucier des standards de beauté en Afrique.

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