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Zoom sur les femmes qui détestent leurs cheveux afro

Le mouvement nappy a connu un grand tournant dans les années 2000. Ce qui a longtemps été considéré comme un simple effet de mode à la Black Panther s’est progressivement imposé comme norme. En effet, en presque 2025, nous pouvons tous affirmer que le retour aux cheveux afro n’était pas qu’une simple tendance ! Pour beaucoup de femmes noires, cela a même redéfini les standards de beauté et d’acceptation de soi. Nous avons donc supposé pendant ces dernières trente années que toutes les femmes aux cheveux naturels l’étaient parce qu’elles aimaient l’être. Il se peut que non et nous vous l’expliquons dans cet article. Nous avons décidé d’aller à la rencontre de ces femmes africaines qui détestent leurs cheveux afro. Elles ont des raisons nombreuses et diverses que nous vous présentons dans les lignes suivantes.

Elles détestent leurs cheveux afro : comment c’est possible ?

Oh que oui, ça l’est. D’ailleurs, il est tout à fait normal de ressentir des doutes ou des insécurités par rapport à ses cheveux. Encore plus quand il s’agit des cheveux afro qui ont une histoire tumultueuse. 

L’Afrique pré coloniale vénérait les cheveux afro. Ils avaient une signification, liée à l’identité, à la spiritualité et au statut social. Puis, la période coloniale a plutôt conduit à leur dévalorisation. Associés à la sauvagerie, à l’impureté et à l’infériorité, ils étaient fréquemment rasés pour déshumaniser et soumettre les esclaves.

Au XX ème siècle, la lutte pour les droits civiques a rehaussé l’image des cheveux afro. Ils sont devenus un symbole de fierté et de résistance. La coupe afro, notamment, s’est imposée et est rapidement devenue dans le monde afro une marque d’affirmation identitaire! Ces différentes époques ont influencé le port des cheveux afro tels que nous le vivons à notre époque. 

Nous pensons que si il existe des femmes africaines qui aujourd’hui détestent leurs cheveux afro, cela est lié à ce passé.

A lire aussi : Cheveux afro : zoom sur les femmes africaines qui adorent leurs cheveux naturels – SETALMAA

Elles détestent leurs cheveux afro : les raisons de ce désamour

 

Vous l’aurez compris, il y a beaucoup de raisons historiques à la stigmatisation des cheveux naturels. Une étude de Dove réalisée en 2023 a révélé que les cheveux des femmes noires ont 2,5 fois plus de chances d’être perçus comme non professionnels et 66 % des femmes noires changent de coiffure pour les entretiens d’embauche.

Tout cela pour dire que le biais contre les cheveux afro en Afrique et ailleurs est profondément enraciné dans la société et que peu importe votre sentiment, vous n’en êtes pas responsables.

  • Des cheveux durs à entretenir 

La conception selon laquelle les cheveux afro sont difficiles à entretenir est en partie fondée sur des idées reçues et une cruelle réalité : Il existe encore un véritable manque d’informations sur les spécificités de cette texture capillaire.

En effet, les cheveux afro ont une forme de follicule pileux elliptique, ce qui les rend naturellement plus secs et plus cassants que d’autres types de cheveux. Le sébum a du mal à se répartir sur toute la longueur du cheveu, ce qui accentue ce phénomène. 

De plus, les produits capillaires et les conseils de beauté ont pendant longtemps été principalement axés sur les cheveux lisses ou ondulés. Les cheveux afro étaient souvent négligés ou considérés comme “difficiles à dompter”. Cela sans compter les notions de “non-civilisation” ou de “manque d’hygiène” qui ont été attachés aux locks par exemple et à tous cheveux texturés. Tous ces facteurs ont renforcé l’idée que les cheveux afro sont difficiles à entretenir. En 2024, beaucoup de personnes d’origines africaines le pensent encore 

  • Alopécie et autres maladies capillaires 

Les femmes d’origine africaine sont souvent victimes d’alopécie de traction. Les coiffures dites protectrices et la durée pendant laquelle ces coiffures sont portées en sont l’une des principales causes. Certaines pertes de cheveux sont génétiques et il est très peu probable de les prévenir. Les types génétiques de perte de cheveux comprennent l’alopécie et la perte de cheveux chez la femme. Mais d’autres types de perte de cheveux (y compris la perte généralisée des cheveux) peuvent être provoqués par le stress et une mauvaise alimentation.

  • Longueur et texture

Le volume, la texture ou encore le type de cheveux d’une personne africaine sont des facteurs qui peuvent induire un désamour du cheveu afro. Dans le cadre de cet article, la rédaction s’est entretenue avec des femmes qui n’aimaient pas leurs cheveux parce qu’ils sont trop touffus. D’autres déploraient leur couleur naturelle, la trouvant trop terne tandis que certaines femmes ont confessé qu’elles ont longtemps détesté la texture très fine de leurs mèches de cheveux. Ces facteurs qui sont très personnels sont pourtant suffisant pour qu’une femme africaine se désintéresse de ses propres cheveux.

  • Traumatismes et expériences personnelles négatives 

Il peut s’agir de traumatismes en tout genre. Accident, harcèlement, maladie… Parfois, la vie laisse des séquelles physiques et psychologiques. Certaines survivantes du cancer expérimentent une perte de cheveux significative qui les pousse tout simplement à haïr leurs cheveux naturels. Elles prennent la décision de souvent se rabattre sur des perruques pour cacher le souvenir visible d’une maladie qui a failli les emporter. Des exemples comme celui-ci, il y en a beaucoup d’autres.

Elles détestent leurs cheveux afro : des témoignages renversants

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Pour la réalisation de cet article, nous sommes allés à la rencontre de femmes âgées entre 25 et 32 ans. Ces africaines vivent en France, au Bénin, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Elles ont toutes une relation compliquée avec leurs cheveux et nous l’expliquent avec leurs mots.

Nous avons discuté avec Risna, une congolaise ayant grandi en France. Aujourd’hui âgée de 25 ans, la jeune dame nous explique que pendant son enfance, elle n’a jamais ressenti de complexes liés à ses cheveux. Sa mère la tressait d’ailleurs sans rajouts. Mais, c’est en fin de collège que ça devient compliqué pour elle qui à l’époque est entourée de beaucoup de métis et d’adolescents à la peau blanche. Elle commence à subir des moqueries sur la longueur de ses cheveux et c’est là que tout commence pour elle. 

En grandissant, Risna va donc beaucoup miser sur ses perruques. La jeune dame nous parle de ce paradoxe intéressant : « J’aime sublimer les cheveux des gens, je les tresse, je conçois des perruques mais je n’aime pas beaucoup m’occuper de mes propres cheveux ».

Comme si ça ne suffisait pas, Risna commence à l’âge adulte à développer du psiorasis, dû au stress. Hors de question de laisser voir au monde ces plaques blanches et ses pertes de cheveux. Elle privilégie donc le port de perruques, quitte à recevoir des retours parfois blessants. « A l’époque, la personne avec qui j’étais m’a dit qu’il soupçonnait que je sois chauve vu qu’il ne voyait jamais mes cheveux. Ça ne m’a pas motivé à les lui montrer car je craignais qu’il soit encore plus déçu de découvrir leur état ! J’ai souvent entendu que les cheveux étaient la couronne d’une femme. Et la mienne n’était pas en bon état. J’en ai toujours déduit que je n’étais pas une belle femme. »

Aujourd’hui, Risna apprend à s’aimer : « Pendant un stage en salon de coiffure, ma responsable m’a ouvert les yeux sur le fait que j’avais impérativement besoin d’apprendre à m’occuper de mes cheveux. Elle m’a parlé d’amour propre, de bons gestes et m’a redonné confiance dans le fait que je pouvais encore prendre soin de ma chevelure. Je suis chrétienne et je fais également un travail sur moi d’un point de vue spirituel afin de m’aimer comme Dieu m’a créée. Ça inclut l’amour et l’entretien de mes cheveux. »

Nous avons également discuté avec Fèmi, 30 ans, résidente au Bénin et exerçant dans une banque de la place. « J’ai tellement de raisons de ne pas aimer mes cheveux ! Quand j’étais petite, ma mère me défrisait les cheveux tous les mois. Je ne connaissais pas autre chose que ces cheveux lisses et à l’école, les filles aux cheveux lisses étaient souvent considérées comme plus belles. Puis à l’adolescence, j’ai commencé à me poser des questions. Pourquoi est-ce qu’on me disait toujours que mes cheveux naturels n’étaient pas beaux ? Pourquoi devais-je les cacher sous des perruques ou des tissages ? J’ai essayé un certain temps de garder mes cheveux naturels mais je me sentais mal à l’aise. Je fustigeais leur texture et le fait qu’ils étaient difficiles à coiffer, secs et abîmés à cause des défrisages répétés. Je recevais souvent des remarques désobligeantes sur ma coiffure.

Quand j’ai commencé à travailler à la banque, j’ai eu l’impression d’être encore plus jugée et j’ai donc continué à porter des perruques et des tissages, même si je savais que ce n’était pas bon pour mes cheveux.

C’est il y a quelques années que j’ai découvert le mouvement nappy. Si j’ai réalisé que mes cheveux étaient uniques et qu’ils faisaient partie de mon identité, je n’arrive toujours pas à m’attacher à eux. J’ai peur du regard des autres, peur de ne pas être à la hauteur des standards de beauté. J’ai peur de ne pas être assez féminine, assez professionnelle. C’est un combat quotidien. Je me dis souvent que je devrais être fière de mes cheveux, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. »

Fèmi et d’autres femmes détestent leurs cheveux afro pour de nombreuses raisons. Mauvaises habitudes, regard des autres, désinformations et surtout problèmes de confiance ! Son histoire est le reflet de plusieurs autres vécus de femmes. Pour elles, réapprendre à s’aimer est un parcours du combattant.

Iris quant à elle n’aurait jamais imaginé il y a dix ans, donner son témoignage dans un article sur des femmes qui détestent leurs cheveux afro. En effet, la Franco-gabonaise résidant au Sénégal a toujours adoré ses cheveux et ce malgré les critiques qui ne manquaient pas. Mais tout a basculé il y a 5 ans, quand la désormais femme au foyer est tombée enceinte. “J’ai toujours aimé mes cheveux bouclés. Ils étaient épais et pleins de vie. Mais tout a changé dès ma première grossesse. Mes hormones ont complètement chamboulé ma chevelure. Ils sont devenus ternes, cassants et ont commencé à tomber par poignées. Au début, je ne m’inquiétais pas trop. Je me disais que c’était normal pendant une grossesse. Mais au fil des mois, la situation s’est empirée. J’ai essayé tous les produits possibles et imaginables, mais rien n’y faisait. Je me suis sentie défigurée.

Après l’accouchement, j’espérais que mes cheveux retrouveraient leur éclat d’antan. Mais ce n’a pas été le cas. Ils sont restés fins et abîmés. J’ai commencé à porter des perruques et des foulards pour me cacher. Je me suis sentie complexée et j’ai eu du mal à accepter mon nouveau look.

Pour relativiser, je me dis que mes cheveux sont aujourd’hui le symbole de toutes les transformations que j’ai traversées ces dernières années. Mais je ne les aime plus dans cet état. D’ailleurs, je crains de revivre le même calvaire à ma prochaine grossesse ! ” 

Une autre de nos invitées en connaît un rayon sur les pertes de cheveux. La jeune anonyme s’est confiée en ces termes « Mes cheveux, si je ne les aime plus, c’est parce qu’ils sont le reflet de toutes les carences en santé que j’ai. J’ai beau en prendre soin, ils ne retiennent pas la longueur et se cassent par poignées. J’ai mal de le dire mais je les hais car ils sont la preuve d’une maladie que j’essaie au quotidien de cacher : le lupus systémique »

Quatre femmes qui ont quatre parcours différents se sont confiées sur leur rapport compliqué avec leurs cheveux. Au final, on comprend qu’il ne s’agit pas que de préférences et encore moins de paresse. Les enjeux et les implications du désamour pour ses cheveux sont là, multiples et incitent à la réflexion.

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Aimer ses cheveux afro : un impératif, une décision 

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Vous l’aurez remarqué ! Pour des femmes comme Iris, Risna et Fèmi, l’acceptation n’est pas toujours immédiate et nécessite un parcours personnel. Mais tout commence par une décision !

Si comme ces magnifiques femmes, vous souhaitez vous réconcilier avec vos cheveux afro, voici quelques pistes à explorer :

  • S’informer et se former: se renseigner sur les spécificités, les produits adaptés et les techniques de coiffage est essentiel pour vous aider à mieux prendre soin de vos cheveux.
  • Trouver sa routine : chaque chevelure est unique. Pour vous, il est important de trouver la routine qui convient le mieux à vos cheveux et à votre mode de vie. Vous êtes une femme active comme Fèmi ou mère au foyer comme Iris ? Vos besoins sont uniques.
  • S’entourer : rejoindre des communautés en ligne ou des groupes de soutien peut être bénéfique pour échanger des conseils, partager ses expériences et se sentir moins isolée. Discuter avec des femmes bienveillantes, dans le même cas que vous ou non peut également vous insuffler de nouvelles forces !
  • Expérimenter : les cheveux afro offrent une multitude de possibilités en termes de coiffures. N’hésitez pas à essayer différentes techniques et à trouver celles qui vous mettent en valeur. Tombez amoureuse de vos cheveux et embrassez leur versatilité.
  • Accepter ses imperfections : personne n’a des cheveux parfaits. Accepter vos imperfections et apprendre à les aimer fait partie intégrante du processus d’acceptation de soi.
  • S’aimer soi-même : L’amour de soi est la clé de tout. Prendre soin de sa santé mentale et physique est essentiel pour se sentir bien dans sa peau. Pour Risna, sa foi est un élément central pour y arriver. Et vous, qu’est-ce qui vous aide à vous aimer ?

Aimer ses cheveux afro, c’est un choix personnel et un cheminement unique pour chaque femme. Pour Setalmaa, il ne s’agit pas d’imposer un idéal, mais d’encourager chacune des femmes magnifiques de notre communauté à s’accepter telle qu’elle est et à célébrer la beauté de sa chevelure. 

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