Pour les femmes, les cheveux sont un facteur de beauté. Elles les aiment forts et longs et quand ce n’est pas le cas, elles optent souvent pour des alternatives : les extensions. Les mèches synthétiques ont des dizaines d’années de vie en Afrique. Elles sont portées en nattes et parfois en tissages et perruques et font partie du quotidien des femmes et même des hommes en Afrique. “X-Pression”, “Outré”, “Rémy” sont quelques-unes des marques qui ont le vent en poupe sur le continent. Face à leur succès, une seule question se pose : est-ce bon pour la santé ?
La rédaction a décidé de traiter du sujet aujourd’hui sur la base des résultats d’une étude réalisée au Nigéria par le média The Conversation. Elle s’intitule « Potential Hazards Associated with Wearing of Synthetic Hair » ( Risques potentiels associés au port de cheveux synthétiques ). Cette enquête nous révèle tout ce qu’il faut savoir sur le danger des mèches synthétiques. Découvrez ce qu’il faut en retenir dans notre article du jour !
De quoi sont constituées les mèches synthétiques ?
Le marché des cheveux synthétiques est une grosse affaire qui vaut des millions de dollars et qui est gérée par des industries locales et étrangères. Mais, ce n’est pas parce qu’une chose marche bien, qu’elle est d’office recommandable. Le cas des mèches synthétiques en est un exemple palpable !
En effet, les cheveux synthétiques sont loin d’être inoffensifs. Selon l’étude ” Potential Hazards Associated with Wearing of Synthetic Hair”, effectuée sur 10 marques de mèches, on relève dans les mèches synthétiques la présence de métaux lourds dans les composants des produits. On y relève aussi de l’argent, du cadmium, du chrome, du nickel, du vanadium et du plomb, ainsi que des pesticides.
Ces contaminants, issus des traitements chimiques et des matières premières utilisées, pénètrent dans l’organisme par contact avec la peau et peuvent provoquer de graves problèmes de santé. Catherine, Eye Candy, Gold, Calypso, LVH, Dazzler, Mini Bob, Nectar, Diana et X-pression sont les quelques marques analysées en laboratoire, dans le cadre de l’étude du média The Conversation. Il est important que les femmes qui les portent soient conscientes des risques.
Quelles sont les conséquences de ces composants, présents dans nos mèches synthétiques ?
Le plomb, un des métaux lourds trouvé dans les mèches, est utilisé pour stabiliser le polychlorure de vinyle (PVC) dont sont faits les cheveux synthétiques. Les composés de plomb tels que le carbonate basique de plomb, le stéarate de plomb et le phtalate de plomb ont pour rôle d’empêcher la chaleur, la lumière ou l’usure de dégrader le PVC.
Le plomb est cependant dangereux pour l’homme. Il affecte les membranes, l’ADN et les systèmes de défense antioxydants des cellules. Le plomb interfère également avec le développement normal du cerveau et du système nerveux de l’enfant.
En général, l’exposition aux métaux lourds, aux pesticides et aux nitrates peut causer des dommages irréversibles à de multiples organes, dont les reins, le foie et le système nerveux, et augmenter les risques de maladies cancérigènes.
Ce n’est pas tout ! Outre les dommages causés aux organes vitaux, ils peuvent entraîner la stérilité, des malformations congénitales, de l’asthme, des bronchites. Ils entraînent également des troubles de l’attention et de l’hyperactivité, des perturbations du système endocrinien et des maladies respiratoires, entre autres.
A lire aussi : L’économie des cosmétiques en Afrique : mécanismes et impact – SETALMAA
Pourquoi les résultats de cette étude sont-ils importants ?
L’étude de The Conversation sur laquelle nous basons cet article est d’une extrême utilité pour toutes les parties impliquées dans la vente et la consommation des mèches synthétiques. Ces parties sont entre autres les fabricants et commerçants, la santé publique et les consommateurs.
Face à la production massive de cheveux synthétiques à Lagos, les autorités sanitaires nigérianes ont aussi leur part à jouer. Elle consiste à mettre en place/intensifier les contrôles qualité sur les substances chimiques utilisées dans la fabrication des mèches. C’est un devoir pour la préservation de la santé publique dans tous les pays d’Afrique ou d’ailleurs pour producteurs ou importateurs des mèches synthétiques !
Les fabricants de cheveux synthétiques ont d’autres options. Ils peuvent utiliser des fibres synthétiques de haute qualité, telles que l’hiperon, au lieu de fibres plastiques. Ils doivent utiliser des fibres exemptes de PVC et de matériaux toxiques et opter pour des fibres respectueuses de l’environnement. Les personnes qui portent des cheveux synthétiques doivent, quant à elles, tenir compte de ces risques afin de prendre leur décision.
Quelles alternatives aux mèches synthétiques ?
Si les mèches sont toxiques, il existe des alternatives pour vous éviter de vous exposer aux risques ! En voici quelques-unes.
Opter pour les marques synthétiques et éthiques !
Les fibres de bananiers se révèlent être une matière première de choix pour la fabrication de mèches capillaires biodégradables. Au Bénin, avec Africa Terroir, et en France avec Karen de Leidi Hair, des entrepreneurs ont saisi cette opportunité. Ils offrent ainsi une alternative écologique aux extensions synthétiques tout en valorisant un déchet agricole (les fibres de bananiers). Il existe également d’autres marques comme :
– “Cheveux organiques” : propose des extensions à la fois eco-friendly et hypoallergéniques réalisées à partir de fibres de bananiers
– ‘’Kynd Hair’’ : pour un lancement prévu en été 2024
– “Ruka Hair” : la marque s’approvisionne en mèches auprès de femmes sud-asiatiques, dont la subsistance dépend en grande partie de cette activité. Les extensions synthétiques sont quant à elles fabriquées à partir de collagène biologique.
Dans le cas où vous n’avez pas accès aux marques précédemment citées, il existe une autre solution. Procurez-vous des mèches portant les mentions-ci :« Non-toxic» , «Itch-free» , « High quality fiber », « Eco-friendly».
Accepter de porter uniquement ses cheveux
Apprendre à connaître ses cheveux, déconstruire les stéréotypes, ou opter pour le big chop sont des alternatives. Porter de belles coiffures protectrices, des locks et adopter une routine adaptée rendra votre aventure agréable ! C’est l’une des meilleures options qui s’offrent à vous si vous vous engagez à porter des cheveux naturels et à vivre une vie sans mèches synthétiques.
Adopter le raw hair
A lire aussi : L’exploitation des femmes dans l’industrie du “raw hair” : parlons-en ! – SETALMAA
Le raw hair est une catégorie de cheveux 100% naturels et non traités. Ces derniers sont directement collectés auprès de femmes en Inde, en Chine et dans d’autres pays. Cela reste une option pour les férues de rajouts. Néanmoins, des questions éthiques se posent face à cette alternative. En effet, les femmes qui donnent leurs cheveux sont pour la plupart très pauvres. Elles vendent leurs cheveux pour des sommes très modestes, bien en dessous de la valeur que ces cheveux atteignent après traitement et vente. Alimenter l’industrie déjà très opaque en consommant ce type de mèches n’est pas donc l’option la plus juste.
Vous l’aurez compris. Il devient de moins en moins bon pour la santé de porter des extensions synthétiques. Découvrez l’étude à ce sujet en cliquant ici. Alors, vous avez décidé de rompre avec les mèches synthétiques ou de continuer d’en porter ?