En Afrique et ailleurs, de nombreuses femmes afro-descendantes assument leur chevelure naturelle et la mettent en valeur grâce à des coiffures originales et variées. A chaque fois qu’une coiffure devient virale sur les réseaux sociaux, c’est une occasion d’apprécier la versatilité du cheveu afro et les compétences hors-pair de ces artisans qui la réalisent. Dernièrement, on a beaucoup vu tourner sur les réseaux sociaux une coiffure appelée Koroba et qui illustre très bien notre propos. Nous avons d’ailleurs tous au moins déjà croisé une personne dans la vraie vie qui a décidé de l’arborer. Dans notre article du jour, nous parlerons des korobas hairstyles et de façon générale, du caractère politique du cheveu afro ainsi que de la valorisation du savoir-faire des coiffeuses au travers des modèles de coiffure.
Coiffures afro tendances : parlons des “korobas hairstyles”
Nous avons assisté à de nombreuses ères en matière de coiffures afro. Les vanilles, les locks, les bantu knots ou encore les knotless braids ont chacun à leur tour secoué la toile ces dernières années. Toutes ces coiffures iconiques continuent d’être arborées mais aujourd’hui, nous en sommes à la saison des koroba hairstyles.
Pour une femme noire, la coiffure, ce n’est pas seulement un moyen de protéger les cheveux. Choisir un style peut prendre plusieurs jours ou semaines. En effet, l’enjeu est de se sentir belle en fonction de ses moyens et du message que l’on veut faire passer. Les koroba hairstyles sont venus mettre tout le monde d’accord. Le style déchire et avec maximum quatre paquets de mèches et les services d’une coiffeuse talentueuse, on obtient un résultat plus que satisfaisant. Mais, comme toutes les autres coiffures qui ont fait des amoureuses, les koroba hairstyles ont une origine.
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Koroba signifie “seau” en yoruba. Imaginez maintenant à quoi ressemble un seau à l’envers. C’est exactement le même principe avec ce style de tresse. Les nattes descendent du centre de la tête vers toutes les autres parties de la tête. Ensuite, la fin de la tige est enroulée sur elle-même ce qui donne une jolie spirale à la fin de chaque natte. C’est une coiffure qui tire ses racines de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’ouest. Elle a des siècles et des siècles d’âge. Koroba en est le nom yoruba ce qui suggère que selon les dialectes l’appellation peut varier. Dans certaines régions, elle est appelée basket braids et à Madagascar par exemple, il s’agit des Kipetaka Braids.
Initialement, l’on réalise cette tresse sans rajouts, simplement avec les cheveux naturels. Mais pour un effet plus impressionnant, les femmes de notre génération optent pour un apport de mèches. D’ailleurs, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un bon nombre de femmes portent cette coiffure avec fierté. Ces dernières semaines, un vrai travail de création de contenus a été abattu sur internet, révélant des femmes afro descendantes, amoureuses de leur nouvelle coiffure et désireuses d’en comprendre les origines.
Les coiffures afro et le cheveu crépu : des instruments politiques surpuissants
Le cheveu afro est un symbole fort de l’identité et de la culture des personnes d’origine africaine. C’est le reflet de l’histoire et des luttes de nos peuples qui ont affronté discrimination, colonisation et esclavage. Plus que de simples ornements esthétiques, il s’agit d’instruments politiques qui expriment une revendication, une affirmation.
Elles servent à marquer le statut social, l’appartenance ethnique, la religion ou l’âge. Elles sont aussi le fruit d’une créativité et d’une diversité impressionnantes qui se manifestent à travers des techniques variées. Il s’agit entre autres du tressage, du nouage, du roulage ou du rasage. Ces coiffures sont pleines de sens et de symboles renvoyant à des événements historiques, à des croyances spirituelles ou à des messages codés.
Avec la traite négrière et la colonisation, les coiffures sur cheveux afro ont été longtemps réprimées par les puissances occidentales. Ces dernières imposaient leurs propres normes de beauté et de civilisation. Elles ont rasé et contraints de nombreux esclaves à porter des foulards ou des bonnets pour cacher leurs cheveux. Les colonisés étaient incités à se défriser ou à se couper les cheveux pour se conformer au modèle occidental. A l’époque, le cheveu crépu était dans son essence, perçu comme un signe d’infériorité.
C’est dans ce contexte que les coiffures sur cheveux afro ont revêtu une dimension politique. Elles sont devenues un symbole de résistance. Au XXe siècle, le mouvement panafricain, le mouvement des droits civiques aux États-Unis et le mouvement Black Power ont utilisé les coiffures sur cheveux afro comme des étendards de leur combat pour l’égalité, la dignité et la liberté. Des figures emblématiques comme Marcus Garvey, Malcolm X, Angela Davis ou Bob Marley ont porté des coiffures en guise de signes distinctifs de leur identité et de leur engagement. Des slogans comme “Black is beautiful” ou “Say it loud, I’m black and I’m proud” ont accompagné le retour au naturel et la valorisation du cheveu afro.
Aujourd’hui, les coiffures sur cheveu afro continuent d’être des instruments politiques. Elles témoignent de la diversité et de la richesse des cultures afro-descendantes. Elles sont aussi le reflet d’une prise de conscience et d’une affirmation de soi face aux discriminations et aux stéréotypes qui persistent dans la société. Assa Traoré est un symbole de l’antiracisme en France. L’une des ses principales caractéristiques, c’est le gigantesque afro qu’elle porte en permanence. Un rappel trop évident de ses origines, de son combat et de ce qu’elle incarne. Les coiffures sur cheveu crépu ont donc toujours été plus qu’une mode ou une tendance. Elles sont une expression de l’histoire, de la culture et de la politique des personnes qui les portent.
Plein projecteur sur les coiffeuses afro
Si aujourd’hui, nous apprécions la beauté des Koroba hairstyles, c’est principalement grâce aux coiffeuses qui l’exécutent. La créativité reste le mot d’ordre pour ces femmes qui modernisent le modèle et en multiplient les variantes. Quoi qu’on en dise, la coiffure en Afrique est un talent. Mais, c’est aussi le résultat d’un savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération. Une coiffeuse afro maîtrise les techniques de tressage, de torsion, de nouage ou de décoration du cheveu afro.
En dehors de l’Afrique, les salons de coiffure spécialisés dans le cheveu crépu sont de plus en plus nombreux. Beaucoup d’autodidactes se sont également lancés dans la coiffure, utilisant les réseaux sociaux comme moyen de se promouvoir.
Certains salons se déplacent même à domicile ou proposent des ateliers pour apprendre à se coiffer soi-même. Les coiffeuses spécialistes du cheveu crépu sont donc des professionnelles bénéficiant de reconnaissance. Leur talent contribue à sa valorisation et à la beauté des femmes afro-descendantes.
En fait, ce corps de métier est indispensable à la valorisation des valeurs nappy et de toutes les autres causes politiques ou identitaires en rapport. Ce sont de vraies ambassadrices qui ont fait évoluer leurs compétences au fur et à mesure que grossissait la vague du mouvement nappy. Découvrez en plus à ce sujet en cliquant ici.
En conclusion, les coiffures afro sont plus que tendances esthétiques et un instrument politique pour la valorisation du cheveu crépu. Derrière cela, nous avons les coiffeuses, détentrices d’un véritable savoir qui permet aux femmes noires de s’affirmer, de se sentir belles, de revendiquer leur héritage culturel et parfois de résister face aux discriminations. Les coiffures afro sont aussi le reflet d’une créativité et d’une diversité qui enrichissent le paysage capillaire mondial. Elles témoignent de la fierté d’une communauté qui ne se laisse pas définir par les normes dominantes, mais qui les réinvente à sa façon.