fbpx
Skip to content Skip to footer

Décolonisons le cheveu afro : Les moments forts du live avec le cheveutologue Nsibentum

Le vendredi 16 octobre dernier, le média Setalmaa a reçu Nsibentum, le cheveutologue et expert capillaire, une des rares personnes qui maitrisent encore le cheveu afro mais surtout une bonne partie de l’histoire de l’esthétique noire. Le thème de ce Live qui a eu lieu sur le compte Instagram de Setalmaa était : « êtes-vous sûre de bien connaitre vos cheveux afros ? ».

 

 

Décolonisons le cheveu afro : Les moments forts du live avec le cheveutologue Nsibentum

 

 

Les objectifs du live étaient clairs dès le départ : montrer qu’il y a encore beaucoup de choses que l’on ne connaît pas sur le cheveu afro, sur la manière de l’entretenir mais surtout déconstruire les mythes et beaucoup de fausses vérités autour du cheveu afro que l’on prenait pour paroles d’évangile. Le thème du live a suscité l’attention de beaucoup d’anonymes et célébrités telles que Aïssa Maïga qui n’ont pas hésité à partager l’annonce dans leurs réseaux.

 

Le soir du live, vous étiez en moyenne 150 personnes à nous avoir rejoints et plus de 2900 à l’avoir visionné en différé. De notre côté, nous avons noté une audience intéressée, captivée et très réceptive aux connaissances et méthodes que Nsibentum a bien voulu partager. Retour sur les moments forts de cette rencontre, de ce partage de connaissances où beaucoup de croyances ont été déconstruites.

 

 

Cheveux crépus, secs, rêches, difficiles à coiffer : mythe ou réalité ?

Le live démarre fort avec une première question d’Aminata à Nsibentum : « Que dis-tu à une femme noire qui retourne au défrisage parce qu’elle a du mal à s’occuper de ses cheveux ? ». Pour Nsibentum, il sera surtout question de répondre en évitant de passer pour un prosélyte. La bonne démarche consiste pour lui à parler à cette femme sans la juger, en lui disant qu’il la comprend, que la douleur n’est pas obligatoire et qu’il existe de nombreuses méthodes ancestrales permettant de s’occuper de ses cheveux afros sans douleur, de les soigner et même de varier un maximum les coiffures que l’on peut faire sur ce type de cheveux.

 

De base il n’y a pas de cheveux afros secs ou difficiles à coiffer, il y a juste des cheveux qui souffrent d’une utilisation de mauvais produits et d’une ignorance des bonnes techniques pour s’en occuper.

 

Nsibentum va partir de cette transition pour déconstruire la toute première croyance autour du cheveu afro. Il s’agit de la croyance qui permet d’affirmer que le cheveu afro est une malédiction, qu’il faut souffrir pour le coiffer, pour être belle, etc. Selon le cheveutologue, les douleurs et tout le négatif couramment associés au cheveu afro trouvent leur essence dans l’utilisation de produits inadaptés non seulement à notre peau mais aussi au type de cheveu que nous avons. L’avis d’expert de Nsibentum est sans appel : de base il n’y a pas de cheveux afros secs ou difficiles à coiffer, il y a juste des cheveux qui souffrent d’une utilisation de mauvais produits et d’une ignorance des bonnes techniques pour s’en occuper.

 

Pour déconstruire le mythe du cheveu afro qui est crépu, sec ou difficile à coiffer, Nsibentum pointe du doigt les nouveaux rituels qu’on utilise sur nos cheveux afros et qui ne sont pas forcément les nôtres mais qui nous ont été imposés par le colonisateur et qui donc ne sont pas adaptés à nos cheveux.

 

Si le cheveu afro était fait pour ne pas être long ou difficile à faire pousser, nos ancêtres n’auraient pas eu des cheveux longs. 

 

Nsibentum va plus loin dans son explication et remonte l’histoire. En se basant sur l’histoire du peuple noir, il va faire un simple constat pour mettre tout le monde d’accord. Le constat est celui-ci : sur les anciennes photos, on se rend compte que nos ancêtres, grands-parents avaient des cheveux longs. Non seulement ils avaient une belle longueur mais ils faisaient également des coiffures très élaborées, beaucoup plus sophistiquées et esthétiques que celles que nous faisons actuellement.

Partant de cet état de chose, Nsibentum affirme que si nos cheveux étaient initialement très secs, rêches et difficiles à coiffer, nos aïeux n’auraient eu aucun intérêt à faire des coiffures aussi élaborées à cause de la prétendue douleur que cela aurait pu causer. De plus, si le cheveu afro était fait pour ne pas être long ou difficile à faire pousser, nos ancêtres n’auraient pas eu des cheveux longs. 

La croyance très popularisée selon laquelle le cheveu afro est sec, rêche, ne pousse pas ou serait difficile à coiffer par nature ne tient donc pas la route car nos ancêtres qui avaient des cheveux aussi doux que la laine nous ont montré que la chevelure afro pouvait être longue, douce et coiffée de diverses manières. 

 

 

Le shampoing et le savon ou comment agresser régulièrement la peau et la fibre capillaire 

Pour comprendre pourquoi les cheveux afros sont devenus si secs et ont une connotation négative, il faut encore une fois remonter l’histoire. Cette dernière révèle beaucoup de choses et ce sont celles-ci que Nsibentum a partagé avec nous lors de ce live. Tout d’abord, il rappelle que pour nos ancêtres, le corps était le siège de la vie. Nos ancêtres vénéraient leurs corps, leurs cheveux, ils cherchaient à l’embellir à travers une bonne hygiène, des soins capillaires et corporels, etc. Le cheveu était un objet de fierté et d’embellissement aussi bien chez l’homme que chez la femme noire.

Lorsque les explorateurs sont venus en Afrique, ils ont observé cela, remarqué la manière dont le peuple noir s’occupait de ses cheveux, tous les soins qu’il y accordait. Voyant que la manière dont le Noir prenait soin de son corps et de ses cheveux n’était pas semblable à sa façon de faire, le colonisateur en cherchant à étendre son territoire va imposer à l’homme et à la femme noire sa façon de vivre et donc de faire les choses. Il va alors imposer certaines pratiques capillaires telles que le rasage de la tête chez l’homme par exemple afin de tuer cet objet de fierté qu’était le cheveu.

 

Le cheveu était un objet de fierté et d’embellissement aussi bien chez l’homme que chez la femme noire.

 

Nsibentum nous apprend qu’avant l’époque de la colonisation, l’Afrique avait ses propres savants, ses propres connaissances, ses manières de s’occuper de sa peau et de ses cheveux, toute une science propre à elle. Mais le colon, en cherchant à s’imposer va aussi retirer toute cette science et la remplacer par ce que lui il considère comme bon, c’est-à-dire la science et les manières de faire occidentales.

Pour faciliter cette opération, plusieurs indigènes (les populations noires autochtones) ont été amenés en occident et initiés aux techniques et produits de soin étrangers. Ceux-ci de retour en Afrique ont alors propagé de nouveaux rituels ainsi que des produits d’hygiène tels que le savon et le shampoing qui autrefois n’étaient pas utilisés de la même manière par les hommes et les femmes du continent. La réalité (et on le verra plus loin) c’est que ce savon et ce shampoing ne sont pas adaptés aux soins de la peau et des cheveux afros. Mais en l’imposant aux africains d’antan, le colon contraint ces derniers à adopter son mode de vie mais trouve également un débouché économique, c’est-à-dire un marché supplémentaire pour écouler sa production.

 

Autrefois, pour être propre, l’on n’utilisait pas de shampoing ou de savons made in occident. Nous avions nos propres rituels de beauté et d’hygiène.

 

C’est ainsi qu’en Afrique, nous avons commencé à utiliser et à populariser des produits tels que le shampoing et le savon qui sont devenus des normes malgré le fait qu’ils agressaient notre peau et nos cheveux. Autrefois, pour être propre, on n’utilisait pas de shampoing ou de savons made in occident. Nous avions nos propres rituels de beauté et d’hygiène. Mais les notions de propreté n’étant pas les mêmes selon les peuples, l’occidental a réussi à imposer sa notion de la propreté en Afrique. Et cette notion c’est que pour être propre, il faut forcément se laver la peau ou les cheveux avec un produit moussant tel que le shampoing ou le savon. La pensée de l’occidental étant dominante, on a commencé à penser (et on pense encore aujourd’hui) que la propreté réside dans l’utilisation de produits détergents tels que certains savons et le shampoings.

 

En changeant nos rituels de beauté, nous avons opéré une cassure avec ce qui se faisait avant et qui était bon pour notre corps et nos cheveux et on a commencé à adopter de nouveaux rituels de beauté (shampoing, après shampoing, etc.) qui ne sont pas les nôtres. Résultats : nos cheveux deviennent secs, la peau est agressée et il faut la réparer, etc.

 

Décolonisons le cheveu afro : Les moments forts du live avec le cheveutologue Nsibentum
Des coiffures ancestrales réalisées sur cheveu afro par Nadine Mateky

 

Nos ancêtres avaient leurs propres rituels de beauté et leurs cheveux étaient doux, longs et se  portaient bien. Aujourd’hui, nous avons tout changé et prenons soin de nos cheveux à la manière occidentale (sachant que la structure naturelle de leur peau et des cheveux des caucasiens est différente de la nôtre) et on remarque que nos cheveux sont désormais plus secs, difficiles à faire pousser et à coiffer.

A partir de là, on se rend donc compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Et ce qui cloche n’est rien d’autre que cet héritage de produits et rituels beauté inadaptés à notre peau et à nos cheveux que nous avons hérité de la colonisation.

 

 

Le saviez-vous ? On ne naît pas avec les cheveux crépus !

Voilà une affirmation qui a « choqué » plusieurs des participantes à notre live : On ne nait pas avec les cheveux crépus, tels qu’on les a actuellement, rêches, secs et difficiles à coiffer. Pour démontrer son assertion, Nsibentum en vrai pédagogue va partir d’un schéma.

Sur ce schéma, on voit une première ligne qui renvoie à une situation dénommée situation d’équilibre. Cette dernière est celle à laquelle l’on se retrouve tous à la naissance. Que l’on soit noir, européen, asiatique, etc., à la naissance on se retrouve à une situation d’équilibre à laquelle, on est parfait. On a tous une peau douce, des cheveux doux, etc. Mais en grandissant, l’équilibre est perturbé. La peau blanche par exemple aura une tendance grasse et commencera à générer un excès de sébum, à devenir grasse.

Pour revenir à la situation d’équilibre, les peaux caucasiennes doivent utiliser des produits tels que le savon qui vont s’attaquer à l’excès de sébum et retirer ce gras afin de permettre à la peau de revenir à la situation d’équilibre qui correspond à son état normal. Ils vont faire la même chose avec le shampoing car les caucasiens ont par nature des cheveux qui graissent facilement.

 

L’utilisation du savon associée au geste mécanique effectué avec le filet de douche va encore renforcer l’agression apportée à la peau, « tabasser la peau », la fragiliser  tout simplement.

 

Quant à la peau noire, celle-ci a par nature tendance à sécher. Sur ce type de peau, on ne devrait pas utiliser quotidiennement des produits tels que le savon. Tout simplement parce que cette peau n’a pas d’excès de sébum auquel le savon va s’attaquer. Ce produit va tout simplement s’en prendre à la peau elle- même et l’agresser. L’utilisation du savon associée au geste mécanique effectué avec le filet de douche va encore renforcer l’agression apportée à la peau, « tabasser la peau », la fragiliser  tout simplement. C’est pourquoi après la douche l’on utilise un lait de toilette pour essayer de réparer les dégâts qui ont été causés à la peau. En partant du schéma de la situation d’équilibre, on se rend compte que la peau qui a besoin d’être lavée au savon, c’est la peau caucasienne à cause justement de sa tendance à graisser et non la peau noire qui n’a pas de gras auquel le savon peut s’attaquer.

Pour en revenir au fait que l’on ne naît pas avec les cheveux crépus, on peut s’appuyer sur cet exemple. Toujours en se référant à la situation d’équilibre, c’est à dire à la naissance, un enfant blanc naît avec les cheveux lisses. Tout au long de sa vie, cet enfant blanc aura les cheveux de la même nature qu’à sa naissance (raides, bouclés,…).

 

Les produits détergents qui sont utilisés sur les cheveux crépus les assèchent, resserrent les boucles ce qui contribue par la même occasion à renforcer leur crépitude.

 

Quant au bébé noir, après sa naissance, ses cheveux peuvent être soit lisses, soit ondulés soit bouclés. Lorsqu’il nait, le bébé noir n’a pas de cheveu crépu. Ce n’est qu’en grandissant qu’il s’éloigne de sa situation d’équilibre parce que justement sur sa tête sont utilisés des produits tels que le shampoing qui sont adaptés aux cheveux caucasiens. Les produits détergents qui sont utilisés sur les cheveux crépus les assèchent, resserrent les boucles ce qui contribue par la même occasion à renforcer leur crépitude. La question est : nos cheveux ne sont pas gras, alors pourquoi utiliser le shampoing comme les blancs qui eux ont des cheveux gras (sachant que le shampoing est utilisé pour retirer l’excès de gras) ?

On ne naît donc pas avec les cheveux crépus, mais notre chevelure peut commencer à se « crêper » lorsque nous utilisons des produits qui ne sont pas adaptés à leur structure, à leur nature et donc qui changent leur texture ainsi que leur aspect.

 

 

D’ailleurs, le terme « crépu » est une insulte !

Au cours de ce live, les surprises se sont enchainées avec Nsibentum. Pour le cheveutologue, le terme « crépu » utilisé pour qualifier les cheveux afros est en réalité une insulte. A titre illustratif, lorsque le blanc se sert du mot crépu, c’est souvent pour qualifier le poil d’un animal. De la même manière, il va utiliser ce même mot pour dire de deux femmes qui se  sont battues qu’elles se sont crêpées le chignon. A travers ces deux exemples, Nsibentum montre que le terme crépu qui est couramment utilisé a en réalité une connotation dégradante. Il va plus loin en rappelant que « cheveux crépus » se traduit en anglais par l’expression « kinky hair ». Et justement la traduction de kinky en français, c’est « bizarre, pervers, louche, excentrique, etc. », tout sauf quelque chose de poli et de beau.

On se rend alors compte qu’en utilisant le mot “crépu” ou “kinky”, on a réussi à comparer les cheveux afros à quelque chose de désagréable. On utilise donc fréquemment les mots « crépus » ou « kinky » au quotidien sans même se rendre compte de ce qu’ils veulent dire de base. Cette partie du live a suscité d’énormes réactions de personnes qui étaient choquées et qui ne se rendaient pas compte de ce à quoi faisait référence le mot crépu. A ce propos, une participante au live a alors rappelé l’importance de la décolonisation des mots.

 

 

La fameuse solution du défrisage pour détendre les cheveux afros

Un thème très attendu lors de ce live était celui du défrisage. Cette méthode qui consiste à détendre les cheveux afros pour les rendre lisses et faciles à coiffer a démarré depuis moins de 400 ans, nous apprend Nsibentum. Ce dernier rappelle que le peuple noir a bien plus de  5000 ans et que dans toutes ces années, le défrisage a une place de 300 voire 400 ans. Nsibentum fait aussi remarquer que depuis que le défrisage a été introduit en Afrique, les coiffures que l’on peut réaliser avec les cheveux afros ne sont plus aussi variées. On a assisté à une baisse de la sophistication des coiffures. C’est-à-dire que les différentes tresses et coiffures créatives que faisaient nos ancêtres ont pour la plupart disparu. Pourtant le défrisage était censé faciliter la coiffure du cheveu afro.

 

 

Une coiffure traditionnelle reprise par la chanteuse nigériane Yemi Alade

 

 

Loin de jeter la pierre aux femmes qui défrisent leurs cheveux et aux hommes qui font de même pour leur barbe, Nsibentum part toujours de constats. Dans un premier temps, il rappelle que les images de femmes aux longs cheveux lisses sur les boîtes de défrisage ne sont que du leurre. En réalité, ces femmes portent des perruques. Ce n’est donc pas le produit défrisant dans la boîte qui leur a permis d’obtenir ce résultat.

 

Depuis que le défrisage a été introduit en Afrique, les coiffures que l’on peut réaliser avec les cheveux afros ne sont plus aussi variées. On a assisté à une baisse de la sophistication des coiffures.

 

Ensuite, il fait comprendre que la composition des produits défrisants est la même que celle des produits que l’on utilise pour déboucher les éviers et lavabos. Et il ajoute que le fait que l’on demande de venir se faire défriser en ayant la tête sale, c’est simplement pour permettre au produit défrisant de ne pas atteindre le cuir chevelu trop vite mais de s’attaquer aux peaux mortes. C’est donc lorsqu’il n’y a plus de peaux mortes et que le défrisant commence à s’en prendre au cuir chevelu que le produit commence à brûler.

 

La composition des produits défrisants est la même que celle des produits que l’on utilise pour déboucher les éviers et lavabos.

 

Il fait aussi un big up au lissage brésilien qui n’est pas une solution aussi saine que l’on croit au défrisage classique. Le lissage brésilien contient en réalité du formol, une matière qui est utilisée pour conserver les cadavres. Le cheveutologue précise ainsi qu’il est important de faire attention à ce que l’on met sur sa tête car cela peut aller dans le sang et créer des dégâts au niveau de l’organisme. 

 

 

La vraie solution : nourrir les cheveux afros à l’huile végétale !

On a agressé nos cheveux avec des produits qui ne sont pas adaptés à leur nature. On a fait des shampoings agressifs, on a essayé de contrecarrer leur effet asséchant avec des après-shampoings ce qui fait penser aux assouplissants utilisés pour contrecarrer le côté agressif de la la lessive. On utilise des tonnes de produits et on a fini par adopter une routine de soin compliquée : bain d’huile, shampoing, après shampoing, etc. Et de surcroît une routine qui ne fonctionne que très peu  parce qu’on ne donne pas aux cheveux ce dont ils ont  besoin. Que faire alors pour retrouver la douceur de ses cheveux ? Quelle est la bonne méthode pour avoir des cheveux constamment doux et qui poussent ? Comment obtenir des cheveux faciles à coiffer et longs ?

 

Pour Nsibentum, la solution pour prendre soin de ses cheveux et arrêter de les agresser, de les assécher et les empêcher de pousser avec un lavage agressif, c’est d’opter pour le shampoing aux huiles végétales.

 

Nsibentum n’a pas donné de recette miracle, il n’a pas essayé de vendre la poudre de perlimpinpin. Ce que Nsibentum a proposé, ce sont des méthodes inspirées des rituels ancestraux. Des techniques et des produits basés sur ce que faisaient nos aïeux pour avoir des cheveux longs et aussi doux que la laine. 

 

Pour Nsibentum, la solution pour prendre soin de ses cheveux et arrêter de les agresser, de les assécher et les empêcher de pousser avec un lavage agressif, c’est d’opter pour le shampoing aux huiles végétales. La solution, c’est donc l’huile tout simplement. Une solution qui a suscité de vives réactions parce que certainement on ne s’attendait pas à ce que le remède soit aussi simple et à portée de main. S’il est difficile à accepter qu’on peut se servir des huiles végétales pour se laver les cheveux c’est parce qu’encore une fois la pensée occidentale qui est dominante a réussi à faire croire que pour nettoyer il faut absolument un produit qui mousse, un shampoing.

 

S’il est bien possible de nettoyer une grande partie d’un maquillage waterproof, résistant à l’eau rien qu’avec de l’huile, on peut bien enlever les saletés qui sont dans les cheveux (qui ne sont rien comparé aux impuretés que laisse le maquillage) avec de l’huile végétale.

 

Pour prouver que les huiles avaient des propriétés lavantes, Nsibentum part du principe du démaquillage à l’huile dont on vous parlait dans cet article. En effet, on peut retirer près de 90% du maquillage rien qu’avec de l’huile. Il s’agit d’une méthode de démaquillage plus saine et respectueuse de la peau. Alors, s’il est bien possible de nettoyer une grande partie d’un maquillage waterproof, résistant à l’eau rien qu’avec de l’huile, on peut bien enlever les saletés qui sont dans les cheveux (qui ne sont rien comparé aux impuretés que laisse le maquillage) avec de l’huile végétale.

Quand on fait un shampoing à l’huile, ce que l’on va rechercher ce n’est pas la mousse car on n’a pas besoin que ça mousse pour que ça soit propre. Le concept de «plus il y a de la mousse, plus ça va être propre » nous a  été inculqué de force mais n’est pas forcément vrai.

 

 

Faire un shampoing à l’huile comment ça marche ?

Pour réaliser un shampoing à l’huile, il suffit de mélanger plusieurs huiles végétales. Cela peut être de l’huile du dattier du désert, d’avocat, de neem, etc. L’essentiel c’est que ce soit des huiles qui conviennent à vos cheveux. A ce mélange d’huiles, il est possible d’ajouter du miel et un jaune d’œuf. Cette solution va permettre de purifier les cheveux et de les rendre propres. Il s’agira donc de :

    Commencer à mouiller les cheveux avec de l’eau tiède afin d’ouvrir légèrement les écailles ;

          Démêler le cheveu mouillé, essayer de le détendre ;

          Appliquer le shampoing à l’huile sur le cheveu et le travailler section par section.

Une partie des huiles qui composent le mélange va incorporer le cheveu afin de le nourrir, lui apporter les nutriments dont il a besoin pour être en bonne santé et pousser. L’autre partie de l’huile va s’accrocher à la saleté et partir avec elle au moment du rinçage.

Avant le rinçage, il faut attendre quelques heures (au bout de 24h si vous pouvez, 30 min ou 1h, ou 2h, …) pour aussitôt faire un bain d’huiles. Contrairement à ce que l’on faisait habituellement, ce bain d’huiles ne va pas être rincé.  Le bain d’huile doit être conservé dans le cheveu grâce à une coiffure conservatrice (vanilles, nattes, couches, etc.).

C’est ce bain d’huiles qui va être laissé sur le cheveu toute une semaine par exemple et qui va venir le nourrir, lui permettre d’avoir tous les nutriments nécessaires à la synthèse de nouveaux cheveux. Dans cette réserve d’huile et donc de nutriments qui lui est apporté, le cheveu va puiser ce dont il a besoin pour ne pas être sec mais surtout pour être plus doux à coiffer et surtout pour pousser.

 

 

Le mythe de l’hydratation

« Il faut hydrater les cheveux », « l’hydratation est la clé pour favoriser la pousse des cheveux ». Nous sommes nombreuses à avoir entendu ou même donné ce conseil. Dans sa méthode, Nsibentum ne parle pas d’hydratation. Il met plutôt un accent sur l’importance de « nourrir le cheveu ». Selon lui, il faut être moins focus sur l’hydratation car ce n’est pas l’hydratation qui apporte au cheveu ce dont il a besoin. C’est en nourrissant le cheveu qu’on lui donne à manger et c’est cela qu’il faut privilégier. Le mélange d’huiles et de beurres donne à manger aux cheveux, le protège du calcaire, le rend plus doux, etc.

 

Il faut être moins focus sur l’hydratation car ce n’est pas l’hydratation qui apporte au cheveu ce dont il a besoin.

 

Evidemment il est possible de vaporiser une solution hydratante sur le cheveu de temps en temps. Cependant, il faudrait avoir en tête le fait que « nourrir le cheveu » est capital et devrait être le plus important. Et pour procéder à cette nutrition, nul besoin d’avoir une tonne de produits ou d’avoir une routine capillaire en mille étapes. Un shampoing à l’huile et le bain d’huile suffisent largement en plus d’une coiffure conservatrice. Pour faire le bain d’huiles, il suffit simplement de mélanger deux ou trois huiles végétales de votre choix et de les appliquer sur vos cheveux.

 

 

Le vrai afro vs l’afro à base de pétrole

Un autre mythe qui a été déconstruit au cours de ce live, c’est celui de l’afro volumineux qui pointe vers le ciel. Pour Nsibentum, le vrai afro est celui qui remonte légèrement et qui finit par redescendre.

 

L’afro qui nous a toujours été vendu, celui qui défie la gravité n’est pas une coiffure traditionnelle.

 

Parce qu’en réalité nos cheveux se doivent de respecter la loi de la gravité et donc retombent naturellement. L’afro qui nous a toujours été vendu, celui qui défie la gravité n’est pas une coiffure traditionnelle. Les produits utilisés pour traiter cet afro sont souvent des dérivés de pétrole, ce qui permet de maintenir les cheveux debouts. Il faudrait donc le comprendre et l’accepter.

 

 

Décolonisons le cheveu afro : Les moments forts du live avec le cheveutologue Nsibentum
Cheveu afro – Credit photo : L’afroko

 

Le test de porosité ne vaut pas un clou

La porosité est définie comme étant la capacité du cheveu à absorber un liquide. Pour le cheveutologue Nsibentum, le test de porosité tel qu’il est réalisé avec un verre d’eau ne veut pas dire grand-chose. En effet, à partir de ce test, un cheveu afro peut être très poreux le matin et se révéler plus ou moins poreux le soir ou dans l’après- midi.

Ce qu’il faut comprendre c’est que certains cheveux peuvent s’onduler très facilement alors que d’autres prennent du temps avant de donner ce résultat. Il parle ainsi du fameux cheveu  afro « au transit » fainéant qui prend du temps avant de se transformer lorsqu’on le manipule. Il faut comprendre que le cheveu mange et peut avoir besoin d’un temps de digestion pour prendre une certaine forme ou pour absorber les nutriments qu’on lui apporte.

 

 

 

On ne saurait revenir plus en détail sur ce live au risque de ne pas pouvoir mettre un point final à cet article. Toutes les personnes qui l’ont suivi ont sans doute pris une grosse claque, elles ont appris et entendu des choses auxquelles elles ne s’attendaient pas sur le cheveu afro. En effet, du début jusqu’à la fin, Nsibentum n’a cessé de détruire les clichés et de montrer qu’il y avait de nombreuses informations que l’on ignorait à propos du cheveu afro mais aussi beaucoup de choses inconnues sur l’histoire derrière ce type de cheveu. Si vous voulez en savoir plus sur le sujet et sur les bonnes techniques de soin, on vous invite à suivre Nsibentum sur ses réseaux sociaux, à vous abonner à sa newsletter et à vous rendre aux masterclasses qu’il organise si elles se déroulent dans votre pays de résidence. Nsibentum vous invite également à questionner les aînés, les grands-parents, à faire preuve d’humilité pour aller chercher la bonne information, les bonnes techniques auprès des personnes ressources.

 

Choisissez votre langue