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Locks en Afrique : coiffure d’hier devenue tendance aujourd’hui

En Afrique et partout dans le monde, les locks se sont imposées comme une coiffure tendance. Il faut les avoir arborées au moins une fois dans sa vie. Mais voilà, même si beaucoup de personnes n’en ont pas pleinement conscience, les dreadlocks sont plus qu’une coiffure. Elles ont une signification spirituelle et ethnique dans plusieurs cultures. Aujourd’hui, allons à la découverte des locks en Afrique, de leurs origines ainsi que de ce qui fait leur succès actuellement.

Les locks : des racines enfouies un peu partout dans le monde

Les cheveux ont toujours eu au fil des époques et partout dans le monde une connotation religieuse et spirituelle. L’histoire de Samson et de Dalila racontée dans l’ancien testament en est la parfaite illustration. Samson, consacré par Dieu à délivrer Israël de la domination des Philistins, tombe amoureux de Dalila. Cette femme découvre que le jeune homme tire sa force herculéenne de ses cheveux. Elle rase alors les sept tresses de Samson pendant son sommeil et appelle les Philistins qui crèvent les yeux au héros nazir. Samson n’arborait peut-être pas des locks, mais son histoire est la preuve que depuis des millénaires les cheveux ont une essence sacrée.

Mais d’où viennent les locks ? On pourrait croire qu’elles sont une coiffure purement africaine mais ce n’est pas le cas. Les peuples d’Asie ou de l’Europe ont eux aussi par le passé arboré cette coiffure, même si les premières locks auraient vu le jour sur le continent mère, en Égypte.

En Inde par exemple, les locks étaient très présentes notamment grâce aux Sadhû, ces hommes saints en quête d’énergie spirituelle. Ils portaient les locks comme preuve de leur force et de leur virilité. Leurs cheveux étaient comme des racines. On leur attribuait les mêmes pouvoirs que ceux prêtés à la chevelure de la divinité Shiva. Cette coiffure était également réservée aux membres de la noble société ainsi qu’aux ascètes. 

Credits: Pexel – Indien avec des locks attachées

Encore aujourd’hui en Inde, les locks sont portées par les personnes de foi, car elles ont une forte signification spirituelle et religieuse et sont l’expression de la foi et des croyances. En Inde comme ailleurs en Asie, on pense qu’elles apportent la santé et prouvent un certain attachement à la terre et à ce qui la compose.

Pour revenir en Egypte ancienne, les locks y étaient aussi arborées par les membres de la famille royale ainsi que par les hauts dignitaires du gouvernement. C’était d’ailleurs probablement les premières dreadlocks de l’humanité. De nombreuses momies, perruques ou statues de cette époque ont été représentées et retrouvées portant des locks. Cette coiffure faisait également partie intégrante de la culture de nombreux peuples européens tels que les grecs, les celtes ou les viking. Si l’on en croit les récits des romains, les celtes étaient des individus dont les cheveux étaient comparables à des serpents.

Les locks en Afrique étaient portées par beaucoup de peuples, tribus et groupes ethniques. C’est le cas des Mau-Mau au Kenya, des Massaï, des soldats Tiédo du Sénégal, des Bonos et de certains prêtres coptes d’Ethiopie.

Vous l’aurez compris, il y a toujours eu des locks en Afrique et partout dans le monde. Et elles étaient l’apanage des consacrés et des initiés, symboles de force, de richesse et de grandeur. Leur caractère spirituel variait d’un peuple à un autre et encore aujourd’hui, les croyances sur le sujet sont nombreuses. N’arborait pas des locks qui voulait, mais qui pouvait et qui arrivait à cerner leur véritable essence.

Et aujourd’hui …

Aujourd’hui, les locks sont une coiffure à la portée de tout le monde. Il n’est plus question d’appartenir à une caste sociale ou religieuse pour avoir le droit de les porter. D’ailleurs, de nombreux artistes tels que Lauryn Hill, Rihanna ou Halle Bailey plus récemment ont beaucoup contribué à populariser les dreadlocks, mettant en avant le côté esthétique de la coiffure. En Afrique, les clichés et préjugés autrefois liés à ce look perdent progressivement du terrain. En effet, de plus en plus de personnes prennent conscience que ce n’est pas une coiffure de drogués, de gens sales ou bien de débauchés et les coiffeuses spécialisées dans le cheveu naturel reçoivent de plus en plus de personnes qui désirent sauter le pas.

locks daba plus
Credit: dabaplus sur Instagram

Au Bénin, nous sommes allés à la rencontre de Larissa AGBAHOUNGBA promotrice de Racines Afro, un espace exclusivement dédié à l’entretien du cheveu crépu et à la confection de coiffures sans rajout. Le concept qui a vu le jour en 2018 est de plus en plus apprécié par les résidents du Bénin.

Larissa accueillent dans son salon de nombreux clients qui visiblement sont prêts à tenter l’aventure capillaire locks et ce pour diverses raisons. On lui a donc demandé d’où ce soudain regain d’intérêt pour les locks pouvait provenir : « Les locks ont traversé les époques et les continents. Tout au long de l’histoire, elles étaient arborées un peu partout par coquetterie ou par obligation notamment religieuse. Mais oui, c’est devenu une coiffure très à la mode et je pense que cela a débuté depuis plus de 15 ans ». Selon Larissa et pour reprendre ses mots, le courant d’acceptation de soi dans lequel s’inscrit la vague de retour au naturel impulsée par les noirs de la diaspora depuis ces deux dernières décennies en serait la cause. 

Mme Gueye Daba Diène, propriétaire du salon de coiffure Daba Plus situé à Dakar et à Los Angeles semble elle aussi penser comme Larissa. En effet, la gérante de cette célèbre enseigne de coiffure sénégalaise nous affirme que la femme Africaine fait un retour à ses racines. “Elle veut montrer fièrement sa beauté naturelle et cela commence par aimer et arborer ses cheveux tels qu’ils sont.” Daba qui exerce la profession de coiffeuse depuis les années 80 a vu les locks se populariser au fil des ans. Elle a également accompagné de nombreux clients dans leur retour au naturel. Son expertise et son vécu dans le domaine ainsi que l’avis aiguisé de Larissa nous ont convaincu. Derrière la tendance des locks se cache un profond besoin de retour au naturel.

Par la suite, nous avons eu une discussion constructive avec Christelle Legonou. La jeune femme est une Béninoise, locksée depuis maintenant 3 ans, médecin et très active sur Instagram.

locks en Afrique christelle
Credit: Christelle Legonou aka @theblvck_eve sur Instagram

Si vous croisez Christelle, la première chose que vous remarquerez, ce sont ses cheveux. Son histoire avec les locks est presque banale, mais elle n’a jamais regretté d’avoir pris la décision d’adopter ce look. Elle nous explique qu’en 2019, elle s’était coupée les cheveux courts. Elle n’arrivait plus à en prendre soin comme ils le méritaient. Des mois après, elle prend la décision de les laisser pousser… en locks : « J’aurais aimé y avoir pensé avant de les couper courts ». Elle nous révèle que la transition n’a pas été compliquée et qu’elle a tout de suite adoré sa nouvelle chevelure. « Ça a été un véritable plaisir de voir mes cheveux pousser de cette manière. Aujourd’hui, je reçois beaucoup de compliments et je suis moi-même très satisfaite de la décision que j’ai prise. Et ils n’ont pas fini de pousser ! »

Des jeunes femmes et hommes comme Christelle, il y en a plein à Cotonou, à Abidjan, Dakar et partout ailleurs. Arborer des locks semble avoir aidé beaucoup de personnes à se réapproprier leur chevelure et à se redécouvrir.

Pour ce qui est des raisons, elles diffèrent d’une locksée à une autre. Dans l’exercice de sa profession, Larissa a rencontré beaucoup de personnes notamment des femmes qui venaient aux locks par dépit. Et ça, elle l’a toujours déploré. Malgré cela, nous nous sommes accordés sur le fait que les locks aujourd’hui gagnent du terrain dans beaucoup de cœurs. Une preuve que de plus en plus de personnes ont démystifié la coiffure pour se réapproprier leur identité. 

Ces clichés qu’il fallait déconstruire

La vocation de Larissa a toujours été d’aider les femmes africaines à améliorer leur rapport avec leurs cheveux. Pour se faire, elle les sensibilise constamment sur les dangers de certaines pratiques qu’elles s’infligent (défrisages, tresses à répétition…). Avec Racines Afros, Larissa accompagne celles qui se décident à abandonner ces pratiques. Elle les assiste durant leur transition en mettant à leur disposition des produits bio, confectionnés avec des matières premières locales. Son combat a donc en quelque sorte toujours consisté à déconstruire les clichés autour des cheveux afro afin de permettre aux gens de se les réapproprier. Et des clichés autour des locks, il y en a encore des tas.

 

Quand on fait des locks, on condamne ses cheveux et on ne peut plus les défaire

Ce n’est pas toujours vrai. Larissa nous a rassuré qu’on peut défaire ses locks. C’est possible à condition d’en avoir bien pris soin et d’avoir adopté la méthode adéquate pour les détacher.

On ne peut pas se tresser autrement lorsqu’on a des locks

Encore faux. En réalité, il est possible d’essayer plusieurs modèles de coiffures avec ses locks. La professionnelle nous explique que celles qui désirent sortir de la monotonie peuvent manier leurs locks à souhait. Elle ajoute qu’il est également possible d’y ajouter les rajouts même si elle ne conseille pas cette option.

Les locks donnent un aspect négligé après un certain temps

Même si nous pensons que les locks sont une coiffure encore plus belle lorsqu’elle vieillit, il faut savoir qu’on peut et qu’on doit en prendre soin. Cela va consister à leur accorder la même attention qu’aux cheveux défaits. Sans oublier qu’il faut régulièrement se rendre chez un professionnel de l’entretien tel que Racines Afro ou Daba Plus. Les promotrices de ces enseignes le disent elles-mêmes, « c’est une coiffure très jolie, à condition qu’elle soit soignée ». Alors rassurez-vous, tant que vous prenez soin de vos locks, elles ne pourront que vous embellir.

Les locks nécessitent beaucoup d’entretien

Ce cliché, nous l’avons déconstruit avec Mme Diène. A ce sujet elle a été claire: “les locks, c’est comme les plantes. Il faut les arroser pour leur permettre de pousser”. La fondatrice de Daba Plus nous a donné en plus quelques conseils pour l’entretien des locks. Elle recommande de les hydrater, de faire son shampoing à temps, d’éviter la poussière. Refaire les racines et éviter d’utiliser des produits trop souvent sont aussi des réflexes à cultiver. Selon la gérante, il faut laisser la nature faire son travail.

locks en Afrique Karelle clichés
Credit: Karelle Vignon-Vullierme aka @karellevv sur Instagram

En bonus : Karelle Vignon-Vullierme, célèbre influenceuse résidant à Dakar a réalisé il y a deux ans une vidéo YouTube sur le sujet des locks. Elle y parle de l’entretien, du coût de la pose et du quotidien quand on décide de porter des locks. La jeune femme, fidèle cliente de Daba Plus, se livre et donne les détails de son aventure capillaire avec les locks. En dehors des informations pratiques qu’elle livre dans sa vidéo, Karelle nous a permis d’appréhender les locks et de comprendre que c’est bien plus qu’une tendance. Si vous doutez de votre envie de porter des locks, cliquez ici pour visualiser ce contenu. Cela vous permettra de définitivement vous décider !

Pour finir…

« Les locks sont une très belle coiffure, on ne peut le nier. Mais, il ne faut pas se tourner vers elles sans raisons valables. Je conseille aux gens de se réapproprier d’abord leurs cheveux au naturel, d’apprendre à en prendre soin et de mûrir la réflexion avant de passer aux locks si l’envie demeure » C’était là la réponse de Larissa lorsqu’on lui a demandé son ultime conseil de pro à l’attention de ceux et celles qui désirent se lancer. Vous pouvez donc vivre votre best life comme Christelle ou Karelle, à condition de le vouloir vraiment. Pour ceux et celles qui tiennent à expérimenter cette coiffure mais qui craignent d’être lassés, l’option des fausses locks existe aussi.

Nous espérons que ce zoom sur les locks aura édifié plus d’un.e. Ne vous privez pas si vous désirez réellement vous lancer. Ce pourrait être le début d’une des plus belles aventures capillaires de votre vie.

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