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Beauté et estime de soi des petites filles noires : ces poupées noires qui bousculent le marché

Si des poupées de porcelaine à la chevelure lisse ont longtemps trôné au rayon jouets, leurs homologues de couleur se frayent timidement mais assurément leur place. Le marché est prometteur, porté par des entrepreneurs désireux d’offrir aux petites filles noires et métissées, des figurines qui leur ressemblent, des poupées auxquelles elles peuvent s’identifier. Nous partons à la découverte de ces créateurs et de leurs marques.

 

Rokhaya Diop et Urbidolls

C’est généralement des frustrations que naissent les grands projets. Rokhaya, franco-sénégalaise et comptable de profession voulait offrir à sa nièce, une poupée noire. Après de vaines recherches dans les magasins de jouets en France, elle en trouve finalement sur Amazon mais à des prix exorbitants. Lui vint alors l’idée d’en créer elle-même. Ce fut le début de l’aventure Urbidolls. Les premières ventes commencent en 2016 et le stock fut rapidement sold out. Nous vous racontions son parcours entrepreunarial ici.

Rokhaya Diop et ses créations - Crédit photo : Setalmaa
Rokhaya Diop et ses créations – Crédit photo : Setalmaa

 

Loin de la Barbie, les poupées Urbidolls ont les cheveux crépus bien touffus et la peau foncée. «Black is beautiful» est le message que veut véhiculer la jeune femme pour permettre aux petites filles noires et métissées de conserver leur estime de soi et d’être fières de ce qu’elles sont. L’entrepreneure prévoit d’élargir sa gamme avec d’autres nuances de couleurs et précise que ces poupées sont destinées aussi bien aux petites filles noires que blanches. Les poupées princesses Malia, Nubi, Adja et Lena sont disponibles à partir de 24,90€ sur le site de Urbidolls. 

 

Manuella Njomkam et la Nubian Kemita conteuse de culture

A l’origine de la poupée Nubian Kemita, se cache une passionnée des peuples et cultures d’Afrique : Manuella Njomkam. Elle est diplômée en sciences de gestion – entreprenariat et étudie l’Histoire des Arts et la Muséologie. Née à Paris en 1999, la jeune femme a vécu à Douala au Cameroun avant de revenir en France à l’âge de 16 ans. Elle crée en 2015 Muna Mboa (qui signifie « Enfant du pays »), une société spécialisée dans la découverte, la valorisation, l’accessibilité et la transmission du patrimoine culturel du continent Africain.

 

 

La poupée Nubia Kemita avec sa jolie robe en wax est le premier projet développé par l’entreprise avec pour objectifs, la valorisation de l’image des petites africaines, la transmission du savoir culturel ainsi que l’apprentissage par le jeu. Pour développer la créativité des enfants et leur permettre de passer des moments ludiques avec leur poupée Nubian Kemita, l’entreprise a développé en août 2018 un accessoire utile pour l’apprentissage de la coiffure : la mini peigne afro.

 

Ces produits sont distribués en ligne sur la plateforme afrikrea et la boutique de prêt à porter N&F Store au centre commercial St Denis Basilique en France. La poupée est à 25€ et la mini peigne à 2 €

 

Le duo Fatoumata KonéRamatou Savané et les Sarama Dolls

Cheveux crépus, peau foncée, tenues traditionnelles colorées, bijoux ethniques, les poupées Sarama ressemblent beaucoup à la petite fille africaine. Avec un nom aussi évocateur (sarama signifie « succès » en malinké) et son apparence de pure beauté africaine, la Sarama Doll a tout pour séduire. Lancée en 2016, la marque est fondée par Ramatou Savané et Fatoumata Koné en Côte d’Ivoire.

 

Les saramas dolls - credit photo :
Credit photo : Sarama dolls

 

A travers ces poupées ébènes, on reconnaît les traits des petites filles afro-descendantes, loin des diktats de la minceur, elles ont des formes et sont habillées à l’image des africaines. En bref, les Sarama dolls sont de véritables symboles d’identification qui boostent l’estime de soi des petites filles noires et métissées et sont commercialisés à environ 23 000 FCFA sur les réseaux sociaux de la marque.

 

Taofick Okoya et ses poupées Queens of Africa et Naija Princesses

C’est pour rendre sa fille fière d’être africaine que Taofick Okoya a décidé de mettre sur pieds deux lignes de poupées : Naija Princesses et Queens of Africa. L’idée lui est venue après les multiples questions de sa fille sur son apparence et le fait qu’elle trouvait ses personnages préférés blancs de surcroît plus jolis. Reconnaissables à leurs tenues hautes en couleurs et leurs formes quasi fuselées, Nneka, Azeezah et Wuraola font déjà le bonheur de nombreuses petites princesses à travers le monde. La marque a détrôné Barbie en Afrique du Sud et se vend sur internet comme de petits pains.

Les poupées Queens of Africa
Les poupées Queens of Africa

 

Si le créateur est plutôt fier de son succès (il peut vendre jusqu’à 9000 poupées par mois), il aimerait cependant que ses poupées soient un peu plus dodues comme au début du projet. Malheureusement, ces modèles n’ayant pas obtenu beaucoup de succès, il a du faire des concessions sur ce point. Mais qu’à cela ne tienne, Okoya prévoit de commercialiser des modèles plus potelées prochainement lorsque la marque aura amassé assez d’argent pour investir. La “Naija princess” moins onéreuses que la “Queen of Africa” est commercialisée à petits prix : environ 5 euros.

 

Pour ces modèles, l’entrepreneur de 43 ans s’est inspiré des ethnies les plus représentatives du Nigeria : Hausa, Igbo et Yoruba. Toutefois, des poupées noires plus représentatives du reste du continent sont prévues pour valoriser l’estime de soi des petites filles.

 

 Lytah konqua et Makedaa dolls

Au-delà de l’aspect esthétique, la poupée Makedaa est un symbole d’acceptation et d’identification positive capable de réveiller la reine qui sommeille en chaque petite fille. Avec sa grosse touffe afro, son teint ébène et ses tenues aux motifs colorés caractéristiques, cette poupée noire, inspirée de la reine d’Ethiopie (forte, puissante et belle) et meilleure amie des petites filles saura les accompagner dans la construction de leur propre estime.

 

 

Lancée en 2012 par la martiniquaise Lytah konqua, les poupées Makedaa sont constituées d’une collection de figurines uniques de par leurs traits, leurs vêtements et leurs accessoires sur-mesure. Winta Akua la plus jeune des princesses au corps souple et vanillé, Lya Serwaa la 2e et sa robe de designer, Reemah Afia la plus grande des trois sœurs font partie de la collection. La maman de 3 enfants voulait offrir à ces derniers et aux autres enfants, des poupées réalistes et moins caricaturales que ce qu’on trouve dans le commerce. Les poupées Makedaa sont disponibles sur le site de la marque à partir de 39.90$

 

Sara Coulibaly et Naima Dolls

C’est en 2015 que les Naima Dolls voient le jour sur l’initiative de Sara Coulibaly après la naissance de sa fille. Les poupées sont d’ailleurs nommées en hommage à cette dernière : Naima. L’ivoirienne n’en est pas à son coup d’essai car elle avait déjà lancé Miry, une marque de chaussures qui a connu un franc succès. La Naima Doll, c’est un peu la version africaine et métissée de Barbie, ainsi que d’autres modèles plus charnus avec, en outre, des tenues modernes et colorées et des coiffures variées : foulard, tresses au fil, longue chevelure soyeuse.

La marque joue sur la diversité à travers ses poupées et a également une dimension sociale car la confection des vêtements et le conditionnement des produits sont faits par des femmes analphabètes via l’association « Our Vision » ; une activité qui leur permet de disposer d’un revenu.

 

 

La marque commercialise de grandes poupées de 50 cm sous les dénominations Maëlys et Mouna vendus à 45 € ainsi que Yeleen qui est à 59,9€ sur leur site. Les poupées mannequins Amalya, Kenza, Malaika et Naima sont disponibles à 24,90€. Chaque poupée de la marque se distingue par ses traits, son habillement et sa carnation, de quoi célébrer la beauté de la femme africaine dans sa diversité.

 

Maite Makgoba et la poupée Momppy Mpoppy

Excédée de voir le manque de diversité et les poupées noires pas très jolies et mal habillées sur le marché sud-africain, Maita Makgoba, 26 ans, décide de combler ce gap. Pour le nom de sa marque, Maite n’est pas allée chercher loin, Momppy Mpoppy signifian« poupée noire » en sotho, une des langues locales sud-africaines.

 

 

Le but de l’entrepreneure ? Valoriser la beauté noire en prouvant aux jeunes filles que le teint ébène et les cheveux crépus sont aussi synonymes de beauté. Fabriquées à l’étranger, les figurines noires de la maque sont habillées et emballées en Afrique du Sud dans un style fashion pour renvoyer à leurs jeunes propriétaires une image positive d’elles-mêmes. Depuis 2013, les parents peuvent offrir à leurs enfants et petites protégées de jolies poupées stylées perchées sur des talons hauts pour tout juste 13 euros sur des sites e-commerces.

 

Silke Schmitz Mafouta et la Kitoko doll

A l’instar des autres mamans entrepreneures, Silke Mafouta a aussi décidé de se lancer en 2018 dans la création de poupées noires pour offrir à ses filles métisses, des figurines qui leur ressemblent. Elle désire populariser la poupée noire en Europe et permettre aux petits métis, filles comme garçons de s’approprier leur identité. Kitoko signifie « joli » en lingala, une langue d’Afrique Centrale.

 

 

Les Kitoko dolls sont noires ou métisses, avec des cheveux crépus ou bouclés faits pour valoriser l’estime de soi des enfants et les inciter à la tolérance. La Kitoko Doll c’est aussi pour tous les autres enfants qui pourront ainsi se familiariser avec d’autres couleurs de peaux et des textures capillaires différentes. L’offre de la marque comprend des figurines en vinyle et en tissu disponibles respectivement à partir de 14,50 euros et 39,95 euros sur leur site.

 

Angelica Sweeting et la poupée Angelica

Avec ses cheveux frisés, sa peau noire et sa bouche charnue, la Angelica Doll est la parfaite représentation de la femme afro-descendante. Imaginée par l’américaine Angelica Sweeting, cette poupée noire a une particularité intéressante : ses cheveux ont l’air plus vrais que nature et se plient à tous les styles de coiffures réalisables avec les cheveux crépus naturels : twist, bantu knot…

 

 

Tout est parti d’un constat, Angelica avait remarqué que sa fille n’aimait pas ses cheveux bouclés et ses traits de visage à cause des poupées à la chevelure lisse et au teint clair qu’elle lui offrait. Elle a alors voulu décomplexer sa fille en lui inculquant l’amour de soi sans succomber au piège des critères de beauté caucasiens à travers l’Angelica Doll. C’est ainsi qu’elle a lancé une campagne Kickstarter avec comme objectif, la récolte de 25 000 dollars. La somme collectée est allée bien au-delà de ses espérances car elle a pu obtenir plus 80 000 dollars en 2015. La poupée est vendue avec un petit peigne et un vaporisateur via l’entreprise de la créatrice Naturally Perfect pour 85 dollars.

 

 

Caroline Hlahla et Khulile Vilakazi-Ofosu pour Sibalhe

Sibahle” (“nous sommes belles” en zoulou) est la marque de poupée mise sur pieds par Caroline Hlahla et Khulile Vilakazi-Ofosu en 2016. Loin de la poupée blonde aux yeux bleus, les poupées des afro-américaines de 36 et 43 ans sont noires, caramel ou encore albinos, une jolie façon de promouvoir la diversité et la beauté au pluriel.

 

L’idée de ces poupées a commencé à germer lorsque la fille d’une des créatrices âgée de 3 ans a demandé à avoir une poupée aux cheveux courts. Les entrepreneures ont voulu adopter une démarche plutôt inclusive en célébrant la différence et ainsi créer un dialogue indispensable sur la redéfinition de la beauté, embrassant et célébrant le caractère unique de chaque personne. La marque propose également des tenues assorties pour les petites filles et leurs poupées.

 

Des créateurs désireux de contribuer à donner une influence positive aux jeunes enfants sous-représentés mettent les poupées noires et métissées à l’honneur. Les uns peuvent ainsi jouer avec des figurines auxquelles elles peuvent s’identifier tandis que les autres pourront être confrontés à la différence et ainsi mieux s’ouvrir aux autres, de quoi valoriser la diversité et cultiver la confiance et l’estime de soi.

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