Aujourd’hui, nous commençons notre voyage à Dantokpa. C’est le marché ouest-africain le plus célèbre du continent. Il est situé au Bénin et l’on y trouve absolument tout, ou presque. C’est aussi une référence pour les femmes béninoises qui s’y rendent pour se procurer l’essentiel pour leurs beauté et hygiène intime. Cet essentiel est entre autres composé de plantes aux vertus connues partout en Afrique, des indispensables du panier de la femme. C’est de ces petits trésors et secrets de grand-mère transmis de génération en génération qu’il est question dans cet article. Zoom sur leurs vertus et la manière de les utiliser en Afrique pour la beauté et l’hygiène intime.
L’hygiène intime, le b-a Ba de la féminité en Afrique
C’est au célèbre marché à ciel ouvert, situé en plein cœur de Cotonou, Dantokpa, que beaucoup de femmes s’approvisionnent en produits d’hygiène féminine. On y trouve tout un tas de produits d’origines naturelle pour soigner et protéger l’intimité de la femme. Et croyez-nous, les femmes africaines tiennent absolument à ce que leur hygiène féminine soit au top.
En effet, c’est dès le bas âge que les petites filles africaines sont initiées à l’hygiène corporelle. On leur apprend à être propre. Cela a souvent laissé court à des pratiques peu recommandables comme celle de se laver la partie au savon ou au “djampé”.
Outre ces pratiques qui sont légion, les femmes africaines regorgent d’astuces généralement efficaces dédiés à l’entretien de leur hygiène intime. La connaissance des plantes leur permet d’avoir accès à des actifs naturels et efficaces capables de les y aider. Toutes ces astuces et plantes sont généralement appelées « secrets de femme » et sont jalousement gardés et transmis d’une mère à sa fille.
C’est cela qui explique l’affluence de femmes de tous âges à Dantokpa, face aux étalages d’écorces et de tiges en tout genre. Les plus célèbres plantes et aussi les plus efficaces s’y trouvent. Vous les découvrirez dans les lignes suivantes.
Le vétiver, indispensable base de l’hygiène intime et de la beauté en Afrique
Le vétiver est une plante originaire d’Asie, plus particulièrement d’Inde. Elle s’est par la suite répandue sur tout le continent Africain. Elle est aussi présente dans des pays comme les Etats-Unis, en Haïti ou sur l’île de la Réunion. C’est une plante herbacée vivace formant à sa base une touffe compacte et dressée.
Cette tige est célèbre en Afrique. On l’appelle “khamaré”, “cepp” ou “sodhoré”. A Dantokpa et dans l’ensemble du Bénin, on dit “gongoli” et vous l’aurez compris, ses vertus sont les mêmes partout en Afrique. La réputation de cette plante la précède. C’est l’une des plus utilisées pour la beauté et l’hygiène intime en Afrique. Par exemple, du khamaré dans le panier de la jeune épouse est une pratique ancestrale au Sénégal. Adji, jeune sénégalaise nous a raconté que ses sept premiers jours dans la maison conjugale, elle les a passés dans la chambre nuptiale où elle était soumise à un régime composé de racines de vétiver en infusion ou mélangée à de la bouillie de mil. Elle nous a expliqué qu’à la fin de cette cure, elle en est ressortie particulièrement radieuse. Sa déesse intérieure jubilait !
En effet, en dehors de leurs vertus cosmétiques, les tiges de khamaré sont un véritable trésor pour la femme. Elles peuvent être consommées en infusion chaude ou alors simplement placées dans des bouteilles d’eau que tout le monde peut boire tout au long de la journée. Sur les femmes, elles ont un effet particulier. C’est un remède contre la sécheresse vaginale et les règles douloureuses. Elles lubrifient et auraient la réputation de laisser à celles qui le consomment régulièrement, une bonne odeur intime.
Le khamaré prévient également les infections vaginales et urinaires et nettoierait le ventre de la femme de toutes ses impuretés. Il a aussi la réputation de faciliter l’écoulement périodique des règles et d’améliorer la fertilité de la femme en complément d’une cure de pollen de palmier et de miel d’euphorbe. Et que dire de ses vertus aphrodisiaques ?
Afin de réaliser une infusion de tiges de Khamaré, mettez dans une casserole 3 ou 4 tiges environ, puis couvrez-les avec 1,5 l d’eau froide. Faites bouillir le tout pendant 10 à 15 minutes. Vous allez ainsi obtenir votre tisane de khamaré. Il est possible de la conserver après refroidissement dans une bouteille. Les tiges sont quant à elles réutilisables jusqu’à cinq fois sans perdre aucune de leurs vertus. Dans une autre recette, on verse l’eau chaude sur les tiges, en infusion.
Pour ce qui est de votre toilette intime, rien de plus facile. L’infusion une fois refroidie peut très bien servir au nettoyage intime. Le khamaré est définitivement un must-have de la pharmacopée et une plante que toutes les femmes à l’instar de Adji doivent utiliser.
Le Gowé
On retourne à Dantokpa où nous avons rencontré une jeune maman, Rokiatou, à la recherche de “Gowé”. Cette plante originaire de l’Afrique de l’ouest est également très utilisée ailleurs. On l’appelle aussi “Guéni” dans certaines régions de l’Afrique.
C’est donc avec Rokiatou que nous sommes allés à la découverte de cette plante. La jeune maman est bénino-malienne et nous explique qu’elle connaît très bien cette plante grâce à sa mère. « Je suis née d’une mère béninoise et d’un papa malien. Il est de coutume dans son pays que les femmes utilisent régulièrement le Gowé. C’est donc lui qui a enseigné les bienfaits de cette plante à maman qui me les a transmises à son tour ». En effet, le Gowé est beaucoup moins célèbre au Bénin mais cette plante fait partie du quotidien des femmes au Mali et au Sénégal où il sert souvent d’encens.
Le Gowé, de son nom scientifique Cyperus Rotondus est une plante à tubercules qui pousse un peu partout dans le monde. Ce sont les graines de cette plante qui sont si précieuses malgré leur amertume. Et les femmes africaines se l’arrachent. Mais pourquoi ? En fait, il se trouve que le Gowé a de nombreuses vertus similaires à celles du Khamaré. Au Sénégal et au Mali, le Gowé fait lui aussi partie du panier de la mariée. L’association des deux plantes aurait un formidable effet sur la femme.
Aspirer la vapeur des graines de Gowé boosterait la libido et aurait l’effet d’un aphrodisiaque. Tout comme le Khamaré, il est également possible d’en consommer en infusion afin de lutter contre les douleurs menstruelles. Rokiatou nous a expliqué que le Gowé est l’une de ces plantes-là qui ont la propriété de nettoyer le ventre et le bas-ventre de leurs impuretés. Après avoir accouché, elle en a beaucoup consommé et bénéficié de ses nombreuses propriétés.
Elle nous a d’ailleurs filé la recette d’une tisane de Gowé et de Khamaré, efficace pour lutter contre la sécheresse vaginale et les règles douloureuses. Cette décoction ferait également office d’aphrodisiaque et nettoierait le ventre après les menstrues et l’accouchement. Pour l’obtenir, il faut faire bouillir des graines de Gowé dans un litre d’eau. Ensuite, laissez tiédir cette eau, conservez-la dans un récipient, ajoutez-y des tiges de khamaré. Si vous préférez, vous pourrez boire votre tisane à chaud.
Le Nep Nep
Le Nep Nep est la troisième et dernière plante que nous voulons vous faire découvrir dans cet article. C’est une plante également originaire de l’Afrique de l’Ouest et une autre pépite de la pharmacopée africaine. L’Acacia nilotica est le nom scientifique de cet arbre et ce sont ses graines que les femmes utilisent comme produit d’hygiène féminine.
L’acacia Nilotica est une plante efficace dans le traitement de maladies telles que la cataracte, les caries, la gingivite. Mais, ce sont les fruits que donnent cet arbre qui sont particulièrement efficaces pour entretenir la santé intime de la femme.
A l’instar du khamaré et du Gowé, le Nep Nep est un excellent aphrodisiaque naturel. On s’en sert pour la toilette intime. Cette plante permettrait d’améliorer le plaisir sexuel en rendant les zones érogènes plus sensibles. Il permettrait également d’éliminer les mauvaises odeurs vaginales et les démangeaisons. C’est aussi un antibiotique et anti-inflammatoire qui serait très efficace contre les blessures génitales. Ce serait aussi un traitement contre les kystes, les fibromes et les myomes. Réaliser une tisane avec le nep nep, le clou de girofle et le khamaré permettrait en gros de guérir tous les maux précédemment cités.
Pour ce faire, lavez correctement les trois différents ingrédients et mettez le tout dans une marmite remplie d’eau. Faites bouillir pendant 20 minutes et filtrez la tisane obtenue. Vous pourrez par la suite la boire ou l’utiliser pour faire votre toilette intime. Il se dit aussi que le nep nep aurait la faculté de resserrer le vagin.
Le khamaré, le gowé et le Nep nep sont définitivement des plantes aux vertus merveilleuses pour la beauté et l’hygiène intime de nombreuses femmes en Afrique. Bien que leurs effets aient été expérimentés par ses utilisatrices, il est important de souligner que le domaine de la pharmacopée traditionnelle autant que celui de la médecine générale est soumis à certaines règles. Il en est de même pour l’ingestion des tisanes et autres remèdes naturels. La posologie est un facteur à prendre en compte. Nous vous conseillons donc de consulter des professionnels du domaine afin de ne pas vous exposer aux risques d’une surconsommation de ces différentes plantes. Parce que l’abus en toute chose est nuisible.
Des plantes comme le khamaré, le gowé et le nep nep, il y en a beaucoup en Afrique et cela fait partie de l’une des richesses du continent. Elles sont indéniablement utiles dans les domaines de la beauté et de l’hygiène intime en Afrique. Ces secrets de femmes africaines sont donc en réalité accessibles à toutes et nous vous invitons à en faire des alliés.