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De la passion, de l’expertise et une vision business : L’histoire de la marque Hair Evolution et de sa fondatrice Nanou Sassou

A 37 ans, Nanou Sassou a déjà une vie bien remplie. Née à Paris de parents togolais, elle a vécu dans l’Essonne en France jusqu’à ses 25 ans. Après des études scientifiques, celle qui se passionne pour les langues s’oriente vers une licence de langues étrangères appliquées au commerce international. Un stage de fin d’études la conduit chez le géant de la cosmétique L’Oréal sur l’île de la Réunion. Elle s’y découvre une véritable passion pour la beauté et la cosmétique, notamment pour les produits capillaires et le maquillage. 

 

Après un passage en Espagne et en Angleterre, elle part aux Etats-Unis en 2008 pour une année d’immersion, portée par son désir d’apprendre la langue anglaise et son attrait pour le pays qu’elle contemple à travers les clips à la TV. Une fois sur place, son amour pour le pays ne fait que s’accentuer. Elle tombe en effet amoureuse de la façon de vivre des Américains et de leur ouverture. Elle est fascinée par tous les produits disponibles et adaptés aux peaux noires. Elle décide alors de rester 2 ans de plus pour suivre une formation de site internet.

 

 

A la découverte de Nanou, cosmétologue diplômée et fondatrice de l’institut capillaire My Hair Revolution et de la marque Evolve
Nanou Sassou

 

 

Suite à une malheureuse rencontre avec une coiffeuse qui lui a appliqué un défrisage alors qu’elle avait demandé un soin, l’entrepreneure en devenir commence à perdre ses cheveux et se retrouve avec des trous sur la tête. Elle décide de tout couper en 2009-2010 et entame sa période “products junkie”. Elle teste 1001 produits sur la base des recommandations des youtubeuses qu’elle suit. Elle s’offre des huiles végétales et essentielles, possède les 5 gammes Shea Moisture de l’époque et bidouille des recettes qui lui réussissent plus ou moins bien. 

 

En véritable passionnée de cheveux, Nanou part à l’assaut de YouTube où elle partage ses découvertes. Elle part aussi en école de cosmétologie où elle apprend les caractéristiques de base du cheveu et se rend compte qu’elle achetait des produits inadaptés. Elle travaille en parallèle avec les plus grosses entreprises capillaires des Etats-Unis. 

 

Au cours de sa formation pour devenir cosmétologue, elle apprend à lire les ingrédients, à comprendre les soins ainsi que les effets des traitements chimiques. Elle découvre avec stupeur que tout ce qu’on nous a dit depuis le début sur les cheveux n’était que mensonge. Elle expérimente les acquis de sa formation sur ses filles et elle-même et obtient les résultats attendus. Elle fait bénéficier de ses conseils d’experte à sa communauté et ça marche ! C’est le début d’une aventure entrepreneuriale qui la mènera en Côte d’Ivoire où elle est désormais établie.  

 

2014 marque un véritable tournant dans sa vie. C’est en effet la naissance de sa première vitamine capillaire pour adultes sous le nom My Hair Evolution. En 2015, sa  gamme pour adultes Evolve voit le jour. L’entrepreneure ne s’arrête plus et lance en 2017 la vitamine pour enfants et en 2018 une gamme pour les petits. En 2019, elle accueille sa gamme lissante composée d’un fer à lisser, d’une brosse démêlante et d’une brosse lissante. 

Nanou ne s’arrête plus ! L’année 2020 marque l’ouverture de son institut capillaire à Abidjan, un centre spécialisé dans la pousse et la santé des cheveux, avec des techniques et du matériel de pointe. Entretien avec une entrepreneure au parcours inspirant.

 

 

Tu as quitté ta France natale pour les Etats-Unis pour une immersion linguistique. Comment en es-tu arrivée à créer ton entreprise dans le domaine de la beauté et cosmétique et à t’établir en Afrique ?

Je suis arrivée aux Etats-Unis avec un visa de 3 mois. Je voulais y passer une année. J’ai été subjuguée par le pays et tout ce qu’il avait à offrir. Je suis donc restée plus longtemps. J’ai suivi une formation en cosmétologie, ce qui m’a amenée par la suite à lancer ma propre gamme de produits : des vitamines et gammes de produits capillaires

 

 

A la découverte de Nanou, cosmétologue diplômée et fondatrice de l’institut capillaire My Hair Revolution et de la marque Evolve
Produits de la marque Evolve

 

 

Pour ce qui est de l’Afrique, en étant aux USA, en ayant des enfants à bas âge et en travaillant du matin au soir avec les formations, le site internet etc., je me suis dit que j’avais envie de me reconnecter avec mon continent maternel, de continuer cette aventure en Afrique où les gens allaient avoir plus besoin de mes services et produits. Il faut dire que quand j’étais aux États-Unis, j’avais quand même beaucoup d’invitations pour aller sur le continent. En effet, entre les vidéos que je faisais sur ma chaîne Youtube et l’animation de mon compte Facebook, on m’invitait souvent à des évènements autour du cheveu en Belgique, en France et en Afrique. Et pendant tous ces voyages, j’ai alors découvert une Afrique plus accueillante parce que je ne connaissais que l’Afrique qu’on montre à la télé : des enfants qui meurent de faim, des guerres, des lions, la brousseEt là je découvrais de mes propres yeux, une Afrique joyeuse, des bâtiments, des magasins, internet… J’ai été surprise de voir qu’on vivait très bien en Afrique contrairement à ce qui se disait dans les médias.

Donc mon envie de revenir à la terre mère, mes voyages sur le continent et l’accueil que j’y ai reçu m’ont poussée à m’y installer définitivement. Puis j’ai choisi la Côte d’Ivoire. 

 

 

A la découverte de Nanou, cosmétologue diplômée et fondatrice de l’institut capillaire My Hair Revolution et de la marque Evolve
Vitamines pour Enfants – My Hair Evolution

 

 

La Côte d’Ivoire ne m’a plus quittée lorsque j’y suis allée pour la première fois en 2016. J’y étais invitée pour une conférence organisée par l’association des coiffeurs de Côte d’Ivoire et un groupement d’artisans. Mon stand était envahi ce jour-là puis j’y ai fait d’excellentes rencontres. C’était une évidence donc pour moi de m’installer dans ce pays pour lancer mon business quelques années plus tard.

 

j’ai alors découvert une Afrique plus accueillante parce que je ne connaissais que l’Afrique qu’on montre à la télé : des enfants qui meurent de faim, des guerres, des lions, la brousseEt là je découvrais de mes propres yeux, une Afrique joyeuse, des bâtiments, des magasins, internet… J’ai été surprise de voir qu’on vivait très bien en Afrique contrairement à ce qui se disait dans les médias.

 

Qu’est-ce qui t’a poussée à aller en école de cosmétologie ? Pour en faire un métier ou pour un autre besoin ?

Même pas ! J’y suis allée pour moi-même. J’étais passionnée par les cheveux et je dépensais une somme astronomique pour prendre soin des miens. Je dépensais facilement entre 200 et 500 dollars par mois en soins capillaires, huiles, accessoires et vitamines. Avec l’achat de casques à vapeur, de sèche-cheveux ou de machines à couper les pointes, le panier pouvait grimper rapidement. Je faisais des mélanges et j’avais des résultats mais ils n’étaient pas vraiment probants. Et je voulais vraiment savoir comment faisaient les afro-américaines pour avoir de si longs cheveux. 

 

 

Hairfinity – Complément Alimentaire pour la Pousse des Cheveux

 

 

Je travaillais pour Hairfinity à l’époque, une boîte de compléments alimentaires. Ma période folle d’achat de produits cosmétiques, c’était les 2 ans qui ont suivi l’école de cosmétologie. Pour pouvoir payer mes achats, je faisais du babysitting et des prestations de tresses. Je ré-investissais cet argent dans ce que j’aimais : les produits de beauté. C’est à cette période, en 2008 que j’ai aussi commencé à partager sur YouTube des tests de produits que j’achetais. J’ai donc fait 2 ans à l’école de cosmétologie Margate Beauty School (qui a fermé maintenant) pour devenir cosmétologue. 

 

 

Tu t’es alors dit “ça y est, je vais en faire mon métier” ?

Toujours pas ! Mon objectif c’était vraiment de connaître ce qu’il y a derrière les cosmétiques, de savoir comment ça marche. Pour moi, avoir quelques résultats avec mes vidéos YouTube ça avait déjà changé ma vie. Il faut savoir que nous étions plusieurs à chercher des solutions capillaires. J’avais quand même un certain budget pour cela. 

 

Cette école de formation m’a permis d’avoir une grande connaissance sur l’entretien de mon propre corps. Et en tant que femme ça avait changé ma vie. 

 

La cosmétologie c’est aussi la santé du corps, le maquillage, les ongles, les soins de la peau, l’épilation. Et cette école de formation m’a permis d’avoir une grande connaissance sur l’entretien de mon propre corps. Et en tant que femme ça avait changé ma vie. 

 

Et puis quand on demande à la coiffeuse du coin pourquoi nos cheveux se cassent, elle ne sait pas. Elle aussi a des cheveux qui se cassent. Quand on a des poils incarnés on va nous dire d’utiliser tel ou tel produit mais ça ne marchera pas forcément. On peut avoir des taches et aller voir une esthéticienne sans trouver de solutions. Et là, j’avais vraiment un endroit où je pouvais poser des questions, avoir des réponses à mes questions et trouver des solutions. Donc c’était vraiment pour mes problèmes à moi. Et en me mettant sur les réseaux, je pouvais apporter des réponses aux problèmes d’autres personnes. En outre, comme je travaillais chez Hairfinity au service après-vente, donc en contact direct avec les clients de cette marque, cette expérience m’a permis en parallèle, de répondre aux sollicitations de mes clientes de manière plus professionnelle. 

 

Tu dépensais beaucoup en produits cosmétiques. Tu fais une école de cosmétologie tout en travaillant en parallèle. Tu partages aussi des vidéos sur YouTube. Et après il se passe quoi ?

Je tombe enceinte au cours de ma formation. A mon accouchement, je prends conscience que cette école allait changer l’avenir de ma fille. Je crois que j’ai une mission qui consiste à aider les autres femmes à voir et à entretenir la beauté de leurs propres cheveux.

 

Quand on part du principe que c’est la mère qui inculque les gestes de beauté à sa fille, je savais que ce que j’ai appris, je pouvais le transmettre à la mienne.

 

De là, je me dis que j’ai envie d’aider les autres à avoir ce qui a marché pour moi et pour ma fille. J’avais les cheveux au dos. Je lance alors ma première vitamine capillaire qui fait un carton et qui aide des centaines de personnes parmi les abonnées qui me suivent. Et avec ma fille née en 2014 qui me sert de cobaye, je teste des gestes très simples comme des bonnets et taies d’oreillers en satin et je remarque qu’elle ne perd pas ses cheveux. Des mamans commencent à me demander ce que j’utilise sur elle et je leur dis. 

 

Je partage toujours ce qui marche pour moi pour que mes abonnées puissent voir si ça marche pour elles. En 2014 donc, je sors ma première vitamine et une gamme en satin qui marchent très bien. Ma gamme capillaires a suivi en 2015 ainsi qu’un deuxième bébé. En 2017,  je lance ma première vitamine pour les enfants et la gamme capillaire enfants en 2018. Je fais tout ça dans mon garage aux USA, avec 2 enfants en bas âge. 

 

Toute seule sans aide pour la formulation, le conditionnement et la distribution ? 

Je me suis occupée de la formulation et pour ce qui est du conditionnement et de l’étiquetage, j’ai collaboré avec un laboratoire. Je ne voulais pas le faire dans mon garage parce qu’il faut respecter les normes d’hygiène et sanitaires. C’était aussi dans un souci d’efficacité parce que pour certains conservateurs, si ce n’est pas utilisé dans des conditions idéales de laboratoire, la durée de conservation ne sera pas optimale.

 

Quel était ton investissement de départ pour la création de ta marque ?

Mon budget de départ était de 500 dollars. 

 

Qu’est-ce qui a marché au point que les gens t’interrogent sur tes astuces ? 

Les ingrédients ! Je cherche les ingrédients qui ont prouvé leur efficacité. Je fais toujours des recherches sur les ingrédients parce que c’est un domaine qui m’intéresse beaucoup. Je suis toujours en contact avec les laboratoires et je m’informe sur ce qui marche et ce qui ne marche pas. Et je prends ce qui marche évidemment. En plus des ingrédients, ce qui faisait cartonner mes produits aussi, c’était la simplicité de ma formulation et de ma routine capillaire

 

Et où trouves tu tes ingrédients, vu l’importance qu’ils ont pour toi ?

Le beurre de karité vient du Ghana, la glycérine de la Hollande. Bref je fais venir la matière première de qualité partout où je peux la trouver. C’est plusieurs pays pour différents ingrédients.

Et toute cette logistique ne t’a pas fait peur ?

Bien sûr que si. Ça fait peur. Cela a l’air facile de l’extérieur mais c’est beaucoup de travail. J’ai commencé étape par étape, d’abord la vitamine, puis le shampoing etc. Je n’ai pas tout sorti d’un coup, je m’y suis prise étape par étape. J’étais motivée et déterminée et j’avais des résultats.

 

Quel a été l’accueil de ta communauté sur tes produits (vitamines, gamme pour adultes, gamme pour enfants) ?

Cela a très bien marché dès le lancement parce que le public les attendait. Le plus dur restait d’être distribué en France parce que je faisais les produits avec un laboratoire à Chicago, aux Etats-Unis.

 

Comment as-tu pu réussir à faire distribuer tes produits en France et en Afrique ?

C’était compliqué parce qu’il fallait déjà voir comment se faisait la logistique dans chacun des pays ciblés. Je suis passée par la poste pour la France et par des revendeurs pour l’Afrique. 

 

Cela ne revenait pas finalement cher aux clientes qui sont en Europe avec la douane et les frais de livraison ? 

C’est pour éviter ça justement que beaucoup effectuaient des commandes groupées tandis que certaines commandaient individuellement et payaient la douane individuellement. 

 

Avant tu achetais un peu de tout et maintenant tu parles de la simplicité de ta routine. Comment se passe concrètement cette transition ?

Avant j’avais entre 70 et 120 produits. j’avais toutes sortes d’huiles, de leave-in, de soins protéinés etc. Aujourd’hui je suis à environ 10 produits. Plus c’est simple, mieux c’est.

 

 

Setalmaa - Produits capillaires Elvove
Produits capillaires Elvove

 

 

Ma gamme se compose de 7 produits essentiels: la vitamine, le shampoing, le soin, le soin sans rinçage, la crème hydratante, l’huile et le bonnet. Ce sont les produits sans lesquels je ne peux pas vivre. Après on rajoute le gel d’aloé vera, le peigne pour démêler, un soin protéiné et un produit pour lisser mes cheveux si j’ai envie de le faire. 

 

A partir de ce moment là, qu’est-ce qui t’as fait dire que tu pouvais aussi développer cette marque en Afrique? 

 

En Afrique, je trouvais que c’était un terrain vierge. La Côte d’Ivoire est un pays où il y a beaucoup d’expatriés et de commerces. Les exportations et importations y sont faciles. Je me suis dit pourquoi ne pas développer ma marque là-bas.

 

Comme vous le savez déjà chez Setalmaa, tout le monde lance sa marque aujourd’hui. Mais en Afrique, je trouvais que c’était un terrain vierge. La Côte d’Ivoire est un pays où il y a beaucoup d’expatriés et de commerces. Les exportations et importations y sont faciles. Je me suis dit pourquoi ne pas développer ma marque là-bas. Les produits qu’il y avait n’étaient pas très adaptés. C’était de la formulation basique, avec beaucoup de sulfates pour les shampoings, trop de gras pour les crèmes. Mis à part le beurre de karité, les femmes n’avaient pas vraiment beaucoup de résultats, à part celles qui avaient commencé à s’informer et à changer leur routine.

 

Même pour les produits naturels, tu trouves que ce n’est toujours pas ça?  

Ce n’est toujours pas ça si on ne sait pas comment les utiliser. Naturel ne veut pas dire que c’est très bien pour la santé. Il faut savoir que tout ce qui est beurre et huiles, si ce n’est pas bien utilisé, on aura toujours les cheveux secs.

La majorité des clientes que je suis ici dans mon institut capillaire, c’est pour des cheveux secs, alors qu’elles utilisent du beurre de karité, des huiles, du savon noir. Or si ces produits ne sont pas adaptés aux besoins de leurs cheveux, ça sera un désastre capillaire.

Elles se détergent le cheveu avec des produits trop clarifiants et se badigeonnent la tête de beurre de karité et d’huile de ricin sur les racines. C’est ce qu’on leur a appris alors que ce n’est pas adapté sur un cheveu fin. Je leur apprends donc les bons gestes et les différents ingrédients à avoir. 

 

A quel moment tu es passée d’un besoin personnel à une envie d’aider les autres, au point de te lancer dans la vente de produits capillaires ? A quel moment tu as pensé à monétiser tes conseils ?

En fait, quand je voyais des filles avec des cheveux longs, je rêvais de pouvoir leur demander ce qu’elles utilisaient. Ou alors, où est-ce qu’elles achetaient leurs produits etc. Parce qu’à l’époque en France,  c’était difficile de trouver les produits cosmétiques pour nos cheveux afros. C’est différent d’aujourd’hui où on a des boutiques afros et libanais. A mon époque, on avait Miss Antilles et autres et rien du tout au niveau du maquillage. Même pour le crayon, on avait juste le noir, on a dû se battre pour avoir du marron. Donc je me suis dit que j’aurais tellement aimé avoir quelqu’un qui partage ses secrets, donc si j’en ai un jour, je dois le partager. 

 

 

 

 

C’est parti ainsi. Je partageais mes trouvailles aux Etats Unis et après on me posait des questions sur Youtube. Lorsque mes abonnées n’arrivaient pas à trouver les produits en question en France, elles me demandaient d’en envoyer des Etats-Unis. Je recevais de plus en plus de questions au sujet des problématiques capillaires que j’abordais dans mes vidéos. J’y répondais facilement grâce à ma formation en cosmétologie.

 

Il y a beaucoup de gens qui sortent leurs gammes sans savoir de quoi ils parlent, moi je voulais savoir. Et pas seulement dire : “ça a marché sur moi, ça marchera sur vous”.

 

Une formation qui m’a permis de savoir de quoi je parlais. Je maîtrisais donc mon sujet et je voulais aider ma communauté au mieux. Il y a beaucoup de gens qui sortent leurs gammes sans savoir de quoi ils parlent, moi je voulais savoir. Et pas seulement dire : “ça a marché sur moi, ça marchera sur vous”.  Puis le passage à la monétisation s’est fait tout naturellement avec ces échanges entre ma communauté et moi.

 

Les premières formations c’était en ligne ? Comment ça se passait concrètement ?

En fait c’est subdivisé en modules. Certains étaient en ligne, d’autres physiques et nécessitaient donc un déplacement. Généralement, on faisait une journée à Paris. Par exemple, pour une session en janvier, en juin ou début juillet, on faisait une rencontre à Paris. On faisait des analyses capillaires pour voir si tu avais bien évolué et on se retrouvait à la fin de la formation, autour d’un repas ensemble, avec les participants comme pour les graduations facts.

 

Comment ça s’organise si certaines participantes sont à Paris et d’autres en Afrique ? 

La majorité était à Paris et d’autres en Afrique et la journée de formation était prévue environ 6 mois à l’avance. Donc les participantes avaient le temps de booker leur billet si elles devaient se déplacer. Maintenant que je suis à Abidjan, j’offre des formations pour celles qui souhaitent se former. Je fais des week-end, des demi-journées et des formations de 2 à 3 mois. 

 

 

My Hair Evolution – Une Révolution pour vos cheveux! – MyHairEvolution
My Hair Evolution – Une Révolution pour vos cheveux!

Le fait d’ouvrir l’institut est une aventure, la méconnaissance du pays, l’environnement …

Premièrement, c’est beaucoup d’embûches et beaucoup d’arnaques. J’avais pris du matériel à un prix exorbitant. Cela coûte cher pour meubler. Deuxièmement, je ne connais pas le pays, je n’ai pas de familles ici à Abidjan et j’ai du mal à me situer, pour trouver un local etc. Et je n’avais pas de budget illimité non plus. Je n’avais pas de voiture à l’époque. Une cousine est venue à Abidjan pour 6 semaines dans le seul but de m’aider dans l’installation. J’ai pu acheter du matériel moins cher et ouvrir mon salon avec le minimum. Mais j’espère après bénéfice, réinvestir dans l’entreprise et améliorer l’expérience de mes clientes.  

 

 

Produits pour soin des cheveux
Equipe My Hair evolution

Quand tu parles d’institut c’est pas uniquement capillaire ? 

 

Le gros plus, c’est que j’ai apporté du matériel des Etats-Unis. Je traite par exemple l’alopécie au laser, de même que les chutes récurrentes. C’est pas encore connu parce que les dames sont un peu confinées chez elles 

 

On a les produits Evolve qui est la marque que j’ai créée. J’améliore les formulations, pas parce que les produits ne sont pas bons mais pour répondre aux besoins des clientes. J’ai un microscope pour faire une mini analyse du cheveu et voir de quoi le cuir chevelu a besoin. Je fais des mélanges d’huiles, des masques, des shampoings. Le gros plus, c’est que j’ai apporté du matériel des Etats-Unis. Je traite par exemple l’alopécie au laser, de même que les chutes récurrentes. C’est pas encore connu parce que les dames sont un peu confinées chez elles (cet entretien était réalisé en période de confinement).

 

 

Institut My Hairevolution à Abidjan spécialisé dans la pousse et les soins des cheveux
Institut My Hairevolution- Abidjan

 

 

On est un centre de soin pour la pousse et la santé des cheveux et ça fait toute la différence, alors que les autres font de la coiffure. Pendant qu’elles frottent dans tous les sens pour le shampoing, nous on a des techniques de massage par pression pour activer la circulation sanguine à certaines terminaisons nerveuses pour stimuler la santé et la pousse. Chez nous déjà, le shampoing est une expérience par lui-même et il arrive souvent que les clientes s’endorment pendant. 

La pousse est ta marque de fabrique. C’est toi qui a fait ce choix-là ou c’est venu de tes clientes ?

 

Des clientes. Je crois que la pousse est le rêve de chaque petite fille noire. Une petite fille noire à qui on donne une poupée barbie avec des cheveux qui bougent, a aussi envie d’avoir des cheveux qui bougent. Ce n’est donc pas une fixation personnelle mais le résultat d’un marketing avec lequel on a grandi depuis l’enfance. Le cheveu long représente quelque chose qu’on ne peut pas atteindre pour beaucoup de femmes noires. Donc c’est un peu une fixation pour beaucoup.

 

 

Cheveux longs - Setalmaa
Nanou Sassou et ses deux filles

 

 

Une petite fille noire à qui on donne une poupée barbie avec des cheveux qui bougent, a aussi envie d’avoir des cheveux qui bougent.

 

On les voit ainsi mettre des mèches plus longues que leurs cheveux et des perruques différentes de leurs cheveux, toujours dans le but d’avoir ces cheveux longs. Maintenant un peu moins mais c’est vrai qu’on identifie toujours la beauté d’une femme à des cheveux longs, un corps fin et une peau claire. Par contre, il faut s’en détacher. Il faut s’accepter telle qu’on est et s’apprécier à sa juste valeur. 

 

Tu as passé 2 ou 3 ans en Côte d’Ivoire avant le démarrage de l’institut. Même si tu es africaine tu ne connaissais pas grand chose de l’Afrique. Quelles sont tes 3 grandes difficultés en tant qu’entrepreneure en Afrique ?

(rires) C’est la misère mais comme j’aime les challenges je m’en fiche. Après un an, j’avais lancé un premier salon et c’était un flop. Mon gros obstacle c’est que je ne connaissais pas le pays et ses codes. Et ça m’a retardé un tout petit peu, mais c’est ce qui fait aussi la particularité de l’aventure : il faut se relever. Je ne connaissais ni les endroits où il fallait aller, ni les influenceurs à connaître, les maquis, le fonctionnement des transports, le système de la santé, la chambre de commerce, les impôts. Avoir une puce téléphonique par exemple c’était compliqué. C’est bête mais je ne connaissais pas les basiques. Cette méconnaissance de l’environnement dans lequel je vivais pour mes besoins personnels et professionnels, était ma plus grande et principale difficulté. 

 

 

C’est quoi ton avis sur le domaine de la beauté en Afrique francophone d’après tes observations ? 

 

Je vais parler pour la Côte d’Ivoire. Les gens vont préférer les produits importés alors qu’il y a de très bons produits locaux, encore faut-il savoir comment les utiliser.

 

Je vais parler pour la Côte d’Ivoire. Les gens vont préférer les produits importés alors qu’il y a de très bons produits locaux, encore faut-il savoir comment les utiliser. Le domaine de la beauté noire a connu un grand avancement en France par exemple. Les Etats-Unis sont très avancés sur ce sujet. Ici,  il y a des précurseurs et des influenceurs qui ont déjà “assimilé” les codes occidentaux de la beauté. Je pense qu’il faudrait mettre également davantage en avant, la beauté afro.

Parce qu’il y a souvent les mêmes codes en Europe et qui sont difficiles d’accès ici. Moi j’opte pour la simplicité afin qu’elle (NDLR la consommatrice africaine) veuille autre chose que de ressembler à une occidentale, en passant des heures à faire du contouring pour avoir le nez comme celui d’une Française, les joues creuses comme les Asiatiques, à se lisser les cheveux et à mettre des perruques.  C’est cela le douloureux constat. Mais je pense que comme pour tout pays et tout continent, chacun a son bout de chemin à faire. Et l’Afrique doit faire ce cheminenment.

 

Donc tu trouves toujours que malgré la vague de naturel, il n’y a toujours pas de modèles ou d’influenceurs qui prôneraient la beauté noire ? 

 

Le message de Evolve c’est de s’aimer telle que l’on est. On ne revient pas au naturel, on est juste naturelle.

 

Mettre en avant la beauté naturelle pour moi c’est tout mélanger. On ne peut pas mettre en avant une beauté naturelle parce qu’on est né au naturel. C’est comme s’il y avait une petite guéguerre entre les naturelles et les autres. Moi je ne me lève pas le matin pour me dire que je suis naturelle je suis fière de moi. C’est comme si une caucasienne disait j’ai les cheveux lisses et je suis fière d’avoir les cheveux lisses. Cela n’a pas de sens. Le message de Evolve c’est de s’aimer telle que l’on est. On ne revient pas au naturel, on est juste naturelle.

Il y a un mélange de contextes avec les défrisées d’une part et les nappys de l’autre. Pour moi, même si on est défrisée, on a le cheveu naturel à la base. Même si la personne met une perruque, en dessous elle a ses propres cheveux. Pourquoi on ne dit pas juste, elle a ses cheveux. Une caucasienne ne va pas dire j’ai les cheveux naturels lisses.

 

 

Quel est le message que tu adresses à une jeune femme qui veut lancer son entreprise dans le domaine de la beauté et cosmétique ?

Je lui conseille d’abord de faire une étude de marché pour voir si le produit peut marcher ou pas, s’il y a un besoin etc. Il y a 6 points que j’aimerais partager avec elle : 

  1. Il faut savoir si son produit règle une solution. Par exemple mes produits règlent les problèmes de pousse. 
  2. S’il y a un marché pour ça. Mes produits sont pour les cheveux secs et je sais qu’en Afrique il y a un marché pour ça, le cheveu crépu est un cheveu sec.
  3. Il faudra qu’elle voit comment elle pourra distribuer son produit et distribuer de l’information sur son produit pour que les gens sachent que le produit existe. 
  4. De calculer ses coûts et voir à combien elle peut les vendre et s’ils seront accessibles en Afrique. L’étude de marché c’est important mais elle va apprendra beaucoup d’autres choses sur le terrain.
  5. Qu’elle sache que les Africaines ont le pouvoir d’achat. Je ne veux pas que les gens pensent qu’en Afrique les gens n’ont pas les moyens. Je vends mes vitamines au même prix qu’en France et même plus cher d’ailleurs si on ajoute la douane etc. Et les gens achètent quand même. On peut se permettre d’avoir les prix plus chers et les gens comprennent parce que tout est importé. Je ne vais pas vendre mes produits à 1000 frs parce qu’on est en Afrique, s’ils ont une valeur de 30 euros, je les vends à 30 euros plus les autres charges. Si non ça n’aurait pas de sens.
  6. Il faudra participer à des évènements et bien communiquer sur les réseaux sociaux.

 

Ton mot de la fin ?

Il ne faut pas que l’entrepreneur fasse passer son entreprise avant sa vie de famille. C’est grâce à son entreprise qu’on fait vivre sa famille. Mais il faut que ça reste une passion et non une contrainte. Si non ça devient dur d’avancer. Donc ça c’est mon mot d’ordre pendant toutes ces années. Il ne faut pas s’oublier. Il faut prendre du temps pour soi, pour sa famille,pour ses amis et les gens qu’on aime. Ma vision a toujours été d’aider la femme africaine à avoir des cheveux beaux et forts et je procède étape par étape pour atteindre cet objectif.

 

 

Interview menée et réalisée par Aminata Thior et Adji Adj Diallo

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